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samedi 18 mai 2013

Les hommes politiques


On dit souvent qu'un peuple a les hommes politiques qu'il mérite.

Quand on dit cela, il s'agit moins de dénigrer l'homme politique lui-même que la capacité du peuple électeur à faire le bon choix.

Ainsi, la Wallonie n'aurait eu, selon certains, que les hommes politiques qu'elle méritait : généralement des socialistes pratiquant le clientélisme, embourbés jusqu'au coup dans des affaires .. comme si les casseroles étaient un apanage de la gauche, singulièrement wallonne. Il suffit de jeter un coup d'oeil en France pour s'en convaincre.

Les flamands ont aussi les hommes politiques qu'ils méritent.

La droite, qui sait se montrer arrogante, répugne souvent à présenter le bilan concret et précis de son action. Jetons une fois de plus un regard vers la France. Des chiffres ont enfin été révélés, faisant le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont édifiants. Cela est catastrophique. L'opposition systématique et démagogique que mène actuellement l'UMP ne la grandit par conséquent pas.

http://blogs.mediapart.fr/blog/renelle/010413/les-chiffres-de-la-debacle-sarkozienne-sont-arrives

On ne présente guère, au Royaume de Belgique, de tels bilans. C'est bien dommage. On aimerait disposer en effet du bilan de Didier Reynders pendant qu'il était ministre des Finances. Personne ne le saura jamais, car il n'est pas d'usage, chez nous, qu'un homme politique rende des comptes après son mandat. En l'absence de toute autre sanction que celle de l'électeur, ces politiques par profession sont assurés d'être sans cesse réélus (sauf comportement illicite bien sûr). La sanction politique semble bien illusoire comparée à la sanction pénale.

Il y a heureusement, parmi les politiques, des symboles. Robert Badinter sera à jamais lié, en France, à l'abolition de la peine de mort. Simone Weil sera associée pour toujours à l'interruption volontaire de grossesse. Et Christiane Taubira le sera pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, projet qu'elle a défendu avec détermination, brio et humanité.

Didier Reynders restera, lui, à jamais associé aux intérêts notionnels et au sauvetage de banques irresponsables. Des mesures qui ont coûté beaucoup d'argent à l'Etat, donc aux contribuables.  On a beau chercher : on  s'interroge toujours sur les retombées précises en termes d'emploi ou de relance économique des intérêts notionnels. Elles sont impossibles à chiffrer, paraît-il. Les intérêts notionnels nous ont valu par contre le privilège d'être considéré comme un paradis fiscal. Monsieur Mittal en sait quelque chose. Nous sommes devenus, sous monsieur Reynders et ses conseillers, un Etat qui permet à des entreprises étrangères d'éviter l'impôt qu'elles devraient payer chez elle (ce qui ne coûte rien à notre budget), mais n'a manifestement ni créé de l'emploi, ni évité aucune perte d'emploi chez nous (au contraire). Nuage et brouillard et aucun bilan déposé. Le concepteur des intérêts notionnels lui-même (Bruno Colmant), reconnaît aujourd'hui les failles et les limites de ce qu'il avait conçu, malgré les avertissements. Monsieur Reynders continue à s'en prévaloir.

Et bien, de la même manière, en quelque sorte, monsieur Jan Peumans, du parti NVA, président du Parlement flamand (ce qui n'est pas rien), sera à tout jamais associé à François Schuiten. Ce dernier est un dessinateur franco-belge de BD reconnu. Le Parlement flamand a débloqué quelques dizaines de milliers d'euros pour une exposition, en son sein, d'auteurs de BD. Il n'a pas plu au président qu'un phylactère soit en français. Il a exigé que le texte soit effacé sur l'affiche, les programmes, les invitations. Comment accepter, au sein du Parlement flamand, une phrase écrite en français ?  Le phylactère en français a donc été remplacé par une bulle vide ! C'est vraiment le degré absolu de la bêtise.

Qu'en pense François Schuiten ? N'y a-t-il pas atteinte à son oeuvre ?

Il ne semble pas avoir réagi, à l'inverse d'un autre auteur exposé, Kamagurka, qui a décidé de retirer son oeuvre, tant il ne peut plus supporter les dérives des nationalistes flamands.

http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/816272/censure-au-parlement-flamand-kamagurka-retire-son-oeuvre.html

Kroll a réagi avec intelligence et humour, comme toujours, à ce lamentable épisode.



Je ne sais pas ce qu'on en ont fait les caricaturistes des journaux flamands. On ne lit guère la presse flamande en Wallonie. On lit plutôt Le MondeLibération ou le Nouvel Observateur. Je me suis permis un petit tour d'horizon (De Standaard, De Morgen, Het nieuwsblad). Première constatation : la caricature ne fait pas partie de la tradition dans la presse flamande, ou alors de manière marginale (De Morgen) ; elle est toutefois alors sans mordant, sans décalage, sans distance, sans aucune auto-dérision. Quant à l'affaire Peumans, elle n'est même pas relatée, sauf dans De Standaard.

Oui, vraiment, en démocratie, le peuple a les politiques qu'il mérite. Le peuple et ses élus ne peuvent que se ressembler. Ce n'est pas réjouissant pour les flamands. Mais que les flamands se rassurent, nous avons eu aussi, en Wallonie, Willy Burgeon !

http://www.sudinfo.be/706134/article/fun/tele/2013-04-18/willy-burgeon-la-coree-du-nord-ne-s-apprete-pas-a-faire-la-guerre-aux-etats-unis

Comme des élections auront lieu en 2014, il n'est pas prématuré de s'interroger sur les raisons qui inciteront l'électeur à élever au pouvoir tel ou tel : idéologie, assistanat et clientélisme, haine de l'autre, tradition, sympathie, belle gueule, capacité à couper la parole dans un débat, réalisations ... et peut-être éventuellement un projet politique, qui ne ressemble souvent quant à lui qu'à un catalogue de promesses qui ne seront pas tenues. Pour le reste, aucun bilan n'est jamais présenté à l'électeur, sauf lors de confrontations de campagne où chacun lance des chiffres à la tête de l'autre, tandis que l'auditeur, futur électeur, est incapable de les vérifier, ni de les recouper.

N'y a-t-il pas là un champ de réflexion : la reddition des comptes par les politiques, par rapport à leurs promesses, mais surtout au regard de l'intérêt général : une fois au pouvoir, quel a été leur apport à l'intérêt général, à la société toute entière ?

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