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dimanche 3 février 2013

A propos d'une sainte famille


On a beaucoup entendu les intégristes du mouvement Civitas invoquer la Sainte Famille pour éviter à la France une loi scélérate et le châtiment de Dieu, à l'occasion du débat concernant le mariage pour tous.

Je me suis dit qu'il n'était pas inutile d'aller vérifier, dans les textes qui nous parlent de Jésus, ce qu'il dit de la famille ou ce qui est dit de sa famille, que ceux-là appellent sainte.

Je ne reviendrai pas sur le caractère fort peu naturel de la Sainte famille. J'en ai déjà parlé dans ce blog. Mais il faut le rappeler encore et encore à ceux-là qui aiment tant à distinguer ce qui est naturel ou contre-nature. Parler de la nature, en se référant à ce modèle, ne tient pas.

Allons plus loin.

Que dit Jésus de la famille et des relations familiales ? Comment Jésus a-t-il vécu les liens avec sa famille ?

Ce qui nous est rapporté, dans les évangiles, est à la fois très fort et très dérangeant.

On apprend d'abord que Jésus a été un enfant fugueur (Lc, 3, 31-42).  Il avait d'autres priorités que celles des siens. Pourquoi sinon se serait-il attardé au Temple avec des docteurs de la loi, à l'âge de douze ans? Bien entendu, Marie s'est inquiétée. Mais, cet épisode n'indique-t-il pas déjà que l'avenir de cet enfant sera de vivre sa vie "hors des siens" ? Il en est ainsi de plus d'enfants qu'on ne croit. Encore faut-il que leur famille leur en offre la liberté. Les parents n'ont pas à rêver la vie de leurs enfants ; ils doivent leur permettre d'être ce qu'ils doivent être, même "hors des siens".

Quelques années plus tard, Jésus dira à ceux qui veulent le suivre : " si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple " (Lc, 14, 26). On ne peut être plus clair sur le rôle de la famille pour celui qui veut être disciple de Jésus. Elle ne peut tenir la première place. Il est ainsi nécessaire de mettre la famille à sa juste place. Ce n'est pas la famille qui est importante, c'est de devenir disciple, au risque, s'il le faut, de rompre avec sa famille.

A un autre moment, Jésus répondra : " qui est ma mère et qui sont mes frères ? " (Mt, 12, 49). Curieuse réponse. Alors que la mère de Jésus et d'autres membres de sa famille se présentent à lui, il les relègue au second plan. A la famille fondée sur la tradition et sur les liens biologiques, Jésus oppose une famille d'élection et de conviction. Cela a dû être difficile à vivre pour Marie, j'en conviens.

Marie aura sa récompense, quand sur la croix, Jésus dira à Marie et au disciple qu'il aimait : " Femme, voici ton fils; Fils, voici ta mère" (Jn, 19, 26-27).

On voit ainsi non seulement que la famille de Jésus n'a rien de classique, mais aussi que la famille biologique selon Jésus n'est pas première ; il lui préfère une famille où l'on s'adopte, ce qui déborde évidemment les liens du sang et le modèle traditionnel.

Je ne dis pas que Jésus condamne la famille traditionnelle, ce serait trop simple. Je dis que Jésus a une vision de la famille bien plus ouverte que ce qu'en pensent certains chrétiens conservateurs.


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