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jeudi 13 décembre 2012

Quand la vie s'en va peu à peu

Mon papa m'inquiète. Il s'éteint peu à peu. Comme si la vie le quittait. L'intellect est toujours bien présent, mais l'âme et le corps ne suivent pas.

L'âme : elle ne vit plus que par les souvenirs. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur : son dévouement inconditionnel à ma mère, l'amenant à se surpasser pour assumer, toujours et encore, bien des choses dans la maison, mais au prix de quels efforts. Le pire : des souvenirs, des photos, du passé, qui nourrissent tout à coup en lui de la rancoeur et de la jalousie.

Le corps : lui, qui était un grand sportif, sait à peine marcher. Cela me fait mal de le voir ainsi avec ses deux cannes. Dimanche dernier, il est tombé, sans se faire mal, au restaurant. Le lendemain, il a été pris de paralysie, il était adossé au mur sans pouvoir avancer. Ma mère, qui est une gazelle à deux cannes et qui l'avait devancé, est revenue en arrière. Que faire ? Finalement, ils sont rentrés et mon père s'est endormi. Il dort tout le temps, me dit ma mère, sauf la nuit. Hier, ils avaient décidé d'aller manger tout près de chez eux à la Cinecitta, où les patrons les considèrent comme des membres de la famille ; mon père n'a pu aller jusque là, ils ont dû faire demi-tour. Tout cela m'émeut au possible. Je me sens démuni. Je voudrais être là, mais pour quoi faire ? Et puis, mon père n'a aucune confiance dans les médecins. Il sait mieux qu'eux ce qui lui convient, dit-il.

Ma mère m'étonne. Elle a le même âge que mon père et une vitalité étonnante. Elle est d'ailleurs en train d'imaginer sa vie en maison de repos, quand mon père ne sera plus là ... Et elle ne veut pas d'un mouroir. Elle veut un lieu où elle pourra rencontrer d'autres dames bien pour parler entre dames (mon père assez possessif l'aurait privée, depuis des années, de contacts avec des amies). Elle a été horrifiée par un reportage de la RTBF où l'on filmait les pires hospices pour vieux. Des grosses femmes en chaise roulante, sans élégance, qu'on lave dans leur fauteuil ... ma mère ne veut absolument pas de ça !

Le grand âge - mes parents ont 90 ans - pose bien des questions. La vie qui s'en va. La vie qui dure. Pourquoi ? Comment accompagner justement ?

Je ne sais pas de quoi Noël sera fait.

Bref, je sens que ma présence est importante.


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