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vendredi 17 août 2012

Les gens

Vous le savez, j'habite un quartier formidable de Liège, où on se parle familièrement même quand on ne se connaît pas, où on se tutoie facilement, où on se fait la bise ou s'offre un verre après cinq minutes, où la couleur de peau, la religion ou les origines ne sont jamais quelque chose de très important. Peut-être est-ce pour cela qu'on s'y sent un peu plus heureux ?

Quelques instantanés des dernière fêtes du 15 août (qui s'étendent en fait du 13 au 16).

Première cette année. Comme Paris, Liège comporte une rive gauche et une rive droite, en moins grand évidemment, mais quand même. Le doyen de la rive gauche a décidé, cette année, qu'aucune messe ne serait organisée, le jour de l'assomption sur la rive gauche, invitant tous les liégeois sur la rive droite. Je ne suis pas sûr que cette invitation "à passer sur l'autre rive" ait donné lieu à un mouvement migratoire fort important. Les chrétiens par habitude ne sont pas toujours prêts à quitter leur église pour aller dans une autre. Ils finissent souvent par s'abstenir.

Deuxième cette année. Le moment fort de la messe en plein air, et en wallon, ne fut pas du tout le sermon du curé, inutilement déguisé en Tchantchès, la marionnette-mascotte du quartier. Par quelle opération du Saint Esprit, Tchantchès, la mascotte, se voit-il ainsi habilité à faire le sermon de la messe ? Moi, ce que j'aimais bien, c'était quand un vrai curé, pas un curé déguisé, faisait le sermon en wallon, expliquant aux petites gens, les tchantchès, avec leur langue à eux, et avec gouaille, les mystères les plus impénétrables. Depuis deux ans, un autre prédicateur vole la vedette au curé "Tchanthchès" : il s'appelle Jamal. Il y a beaucoup de musulmans dans mon quartier. Ils étaient en plein ramadan, cette année et, dans leur religion, ils vénèrent aussi Myriam (Marie). Il est venu s'exprimer à la fin de la messe dans un très beau texte en vers qu'il avait composé, un texte vraiment inspiré. Il a été très applaudi. J'aimerais en disposer. J'ai eu comme l'impression que le niveau s'élevait d'un cran. Je remercie mon curé de lui avoir ouvert ce temps de parole et je remercie Jamal, jeune musulman convaincu, d'avoir eu l'audace d'accepter. Un peu d'audace permet souvent de grandes choses. Et je rêve qu'un imam, lors d'une fête musulmane, invite un jeune catho du quartier, aussi convaincu et convaincant que Jamal, à s'exprimer dans sa mosquée.

Tout le monde s'est finalement réuni lors du cortège folklorique. Les enfants belges et les enfants marocains ont la même peur des sorcières et la même inquiétude des géants. Ils s'amusent de la même manière, et leurs parents aussi, quand ils se trouvent pris par de faux pompiers dans une tempête de confettis ou aspergés de talc par les vilaines sorcières.

Pendant la messe, je me suis déplacé beaucoup pour faire des photos. Mon ami et vicomte MdB, n'aimant pas le soleil, ni trop bouger, s'est réfugié dans un bistro. Quand je l'ai retrouvé, il parlait avec une botteresse ! Une "botteresse" était, par le passé, une femme du peuple qui amenait au marché de la ville, dans un panier, sur son dos, les légumes des vergers maraîchers des alentours. Celle-ci connaissait pesonnellement "Papa" Daerden, José Happart et Jean-Claude Marcourt, bref, elle fréquentait, comme moi, le beau monde. Elle a même bu, nous a-t-elle dit un verre avec Elio di Rupo (le premier ministre), qui lui serre dorénavant la main chaque fois qu'il la voit. Quand un vicomte rencontre une botteresse, quelles histoires se racontent-ils ... ?

http://www.youtube.com/watch?v=PgQQW_9LkaI&feature=related

Le texte du sermon en wallon est disponible sur le site : http://www.gensdoutremeuse.org

Un peu plus tard, alors que nous attendions les géants et les fanfares, mon toujours ami et vicomte est entré, dans un magasin camerounais, pour acheter deux canettes de bière fraîche. Un africain hilare, plus ou moins de mon âge, qui n'en était pas à sa première bière, présent sur le trottoir, me tape dans la main, me disant  "comment vas-tu mon frère ? Il y a moins de bruit cette année, c'est à cause de la disparition de "Papa". Lui aussi connaissait donc personnellement "Papa" Daerden, José Happart et Jean-Claude Marcourt ! J'ai été pris d'un léger vertige. Et dire que moi je n'en connaissais personnellement aucun et qu'ils ne m'ont jamais offert aucun verre, ni serré la main.  Mon ami sort du magasin. On fait alors les présentations. Mon ami : moi je m'appelle M. de B. et l'africain, hilare, lui répond, et moi je m'appelle Mfukala de Labrousse ! Puis, il nous dit : vous avez tous les deux une canette de bière et moi je n'ai rien à boire ! Ce qui était vrai. Bon prince, je lui ai offert une canette de bière. On agit comme cela entre aristocrates.

Après avoir constaté que Jean-Pierre Grafé était encore - et toujours - présent dans la tribune des VIP, voilà que nous croisons, en vrai, Jean-Claude Marcourt, avec son éternel sourire plein de dents. Ai-je ébauché un signe de tête ? Il me dit : "bonjour, docteur" (même pas "monsieur le professeur", non "docteur"). Un instant, je me suis dit : je vis un cauchemard ! Non, c'était la réalité !

Après une pause pékèt, terre inconnue pour mon ami, qui ne boit que de la Duvel, du Martini blanc et des grands crus, nous rejoignons mes parents au restaurant La Capitainerie. Une totale réussite. La vue, la cuisine, le service, la compagnie. Cela a été un peu les vacances de mes parents, comme au Bord du Lac Léman. Il n'était pas dit pourtant que cet étrange quatuor allait fonctionner. Mon ami d'une totale prévenance avec mes vieux parents, je dois le dire.

Comme mon ami ne refuse aucune des propositions que je lui fais et qu'il a tant de choses encore à découvrir, je lui ai fait découvrir le péket citron, mais il préfère fruit des bois. Un peu plus loin, je lui dis, par solidarité avec mes deux fils, nous devons nous arrêter au Café Brasil, où les serveuses et serveurs ont tout le charme du Brésil. Mais, mon ami, n'aime pas la menthe. Il a bu contraint, un mojito ou un caipirinha, je ne sais plus. Moi, j'aimais beaucoup les serveurs et les serveuses très sympatiques.

http://www.facebook.com/cafebrasil.be

Au moment, de rentrer un jeune couple a attiré mon, puis notre, attention. Il est vrai, on ne doit pas en rencontrer de semblable à Fraipont.



Mais, je n'avais pas envie de rentrer, sans m'arrêter chez Loly, mon ancienne caissière du supermarché, et Nabil, son mari tunisien. Pour mon ami, retour à la bière. Moi, j'ai continué au pékèt.  Comme mon ami ne savait pas en quoi consiste la danse orientale, je demande à Loly si elle ne peut  pas mettre un peu de musique orientale, de toute façon, Rabi, le voisin libanais, ne sera pas le dernier à aller danser. En effet, ils se sont mis à danser derrière le comptoir. Je n'avais qu'une envie: aller danser avec eux. Mais je ne pouvais pas laisser seul mon ami, qui de toute évidence n'avait aucune envie d'aller bouger derrière un comptoir.

Pour l'anecdote, ayant tapé "comptoir", le correcteur orthographique a écrit "compotier".

Dès aujourd'hui, je redeviens sobre, sage et mesuré. Que cela soit dit !







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