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samedi 21 juillet 2012

L'être humain et son aventure

Je reviens d'une semaine dans mon monastère "fondement", nourri de tant de choses, intellectuelles, spirituelles et humaines. Il faut maintenant être prêt à affronter le monde, et surtout les proches qui sont tellement éloignés de ces réalités.

J'aimerais partager un texte, qui m'a rejoint au plus profond, espérant qu'il puisse rejoindre l'un ou l'autre lecteur.

" L'être humain grandit d'abord dans le sein d'une mère, puis en sort. Il grandit ensuite au sein d'une famille où se tissent peu à peu dès son tout jeune âge, et même avant, des liens extérieurs mais surtout intérieurs : avec la mère, le père, la fratrie, la famille. Liens nécessaires, repères indispensables, tout tordus qu'ils puissent être parfois. Vient le jour où ces liens, quels qu'il soient, emprisonnent et étouffent plus qu'ils ne font vivre, car on les reproduit sans cesse sous des variantes le plus souvent inaperçues, mais qui n'en compromettent pas moins l'épanouissement de nouvelles relations.


Certains - pourquoi ? - ne perçoivent pas ces liens complexes et se plient à leur loi. Sans même le savoir, ils courbent l'échine, se vouant à un malheur que parfois ils nomment bonheur. Pas d'autre issue pour eux. D'autres voient ces liens, mais leur pression est telle que la peur est plus forte et qu'ils se résignent à ce qu'ils savent être un malheur. Pour ceux-là, la roue continue de tourner et les liens d'enchaîner, et pas seulement eux-mêmes. Car, selon le décalogue, le défaut de liberté des pères se reporte sur les fils et sur trois ou quatre générations (Ex., 20, 5).


Certains qui ont perçu ces liens entreprennent - mais le choisissent-ils vraiment ? - de les délier patiemment. Ils prennent le risque - non sans peur, car il leur faut vaincre bien des résistances intérieures et extérieures -  de mourir à une certaine manière d'être où l'on existe en fonction de, sous le regard de, selon le désir de ... Mourir à la mort, tant il est vrai que ce qui conduit à la mort est "ce détour où j'emprunte l'oeil d'autrui pour me nier moi-même" (P. Beauchamp). C'est le risque de naître à soi-même pour vivre en "je", selon son désir propre.


Mais est-ce possible seul ? Ce risque peut-il être pris sans une parole qui donne d'y croire et à laquelle faire confiance ? Plus profondément, d'où vient cet appel intérieur, cette énergie à risquer ce que l'on est, cette force qui refuse d'être réduit à vivoter ? D'où vient cette folie qui donne de croire que le goulot n'est pas l'impasse, qu'aucun mur intérieur n'est définitivement infranchissable, que le mort peut accoucher d'un vivant et l'esclave d'un affranchi ?


Une telle question ne s'impose pas, mais il est permis de la poser. En se risquant à y répondre, certains parlent d'énergie vitale, d'autres de quelque chose qui en l'homme passe l'homme, de transcendance ; d'autres de Dieu ... C'est le cas, je pense, de l'évangéliste Jean : " Nul à moins de naître de nouveau, ne peut voir le règne de Dieu " (Jn, 3, 3). Pour l'évangéliste, l'authentique connaissance est liée à la nouvelle naissance. Et lorsqu'il dit qu'il importe de faire ce passage pour voir comment Dieu règne, il choisit de nommer "Dieu" cela ou celui dont l'homme reçoit de naître vivant et libre ... "


André Wenin
L'homme biblique, 
Cerf, 2004







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