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jeudi 12 juillet 2012

De Vlaamse kust (en toute mauvaise foi)

Je n'ai jamais aimé la côte qui était encore belge, dans mon enfance, et qui est devenue flamande depuis. De Vlaamse kust.

Ayant connu très jeune la Bretagne, je n'ai jamais trouvé aucun charme à cette côte rectiligne, bordée de stations balnéaires qui se ressemblent plus ou moins toutes les unes et les autres, ces barres de buildings en front de mer, comme dans une cité, ces restaurants où les menus sont les mêmes partout, ces terrasses entourées de parasols ou de pare-vents d'où on ne voit même pas la mer. L'absence quasi totale de plages sauvages. Je peux y passer une journée à la condition de marcher le long de la mer, mais pas plus. Cette côte me lasse vite.

Il est vrai, ma famille n'a jamais eu les moyens de s'offrir une villa sur les terres du comte Lippens. Nous allions à Coxyde (Koksijde) ou à La Panne (De Panne). Et je ne pratiquais pas la voile, le surf ou le char à voile, bien trop peureux pour cela. J'aimais les oiseaux du Zwin, le plus loin possible dans la réserve, comme toujours, loin des autres et proche des oiseaux. Je n'ai jamais été un grand amateur de cuisse-taxes sur la digue. Il y avait toujours de petits imbéciles pour faire des collisions par plaisir. Les poissons et crustacés vendus sur place viennent généralement de loin, voire de très loin, alors qu'en Bretagne, on déguste les huîtres au bord même du parc à huîtres. Même les moules ne viennent pas de Flandre, elles viennent de Zélande. Les gaufres que l'on vend à la Vlaamse kust sont, soit de Liège (Luikse wafels), soit de Bruxelles (Brusselse wafels). Comme spécialité locale, il y a bien les "babeluttes", une espèce de caramel dur, qui n'est cependant pas si locale que cela puisqu'on en trouve aussi à Lille (Rijsel pour les flamands), en France.




Bref, cette Vlaamse kust me paraît surfaite, malgré l'abbaye des dunes, la maison de Paul Delvaux, le musée Ensor et quelques manifestations intéressantes qui pourraient tout aussi bien avoir lieu ailleurs qu'à la mer. Je ne sais même pas si, à Oostduinkerke, les pêcheurs à cheval ramassent encore des crevettes ...



Les nouvelles qui en proviennent, ces derniers temps, ne sont pas vraiment rassurantes.

Le comte Lippens, bourgmestre de Knokke, en veut aux météorologues. Leurs prévisions pessimistes découragent le tourisme. Surtout le tourisme d'un jour. C'est amusant, car il y a quelque années, le même avait déclaré qu'il en avait plus qu'assez des touristes "frigo box" dans sa station, propriété de quelques familles fortunées. Bref, lui et quelques autres ont décidé d'introduire une action en justice contre les météorologues. Le ridicule de la démarche n'a pas échappé au journal télévisé de Fr2 qui l'a évoquée. Je dois reconnaître que cette démarche insensée a fait tache d'huile en Wallonie, puisque des patrons de parcs d'attraction ont emboîté le pas. Comme quoi, les flamands et les wallons sont parfois unis plus pour le pire que le meilleur ... Le business contre la météorologie !

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_meteo-belgique-dans-le-collimateur-de-la-cote-belge?id=7800352




Mais ce n'est pas tout, voilà qu'une édile ostendaise veut éradiquer les mouettes, jugées être une nuisance. Or, moi, si je vais à la mer, cela veut dire voir et jouer avec les mouettes. En Bretagne, j'ai même séjourné, à Dinard, dans un tout petit hôtel, qui s'appelait "Les mouettes", où on était réveillé par des mouettes rieuses.



Ici, on parle de systèmes très sophistiqués pour ramener les mouettes vers le large, il est même question d'installer en mer des stations artificielles pour leur offrir de la nourriture. Pauvres amis de la Vlaamse kust, ils découvrent seulement que c'est l'urbanisation de leur côte, avec tous les déchets qu'elle engendre, qui fait venir les mouettes !

http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/401491/la-ville-d-ostende-veut-s-attaquer-aux-mouettes.html

Dans d'autres pays que le nôtre, il existe des instances visant à conserver le littoral et à interdire la construction d'immeubles. Rien de cela chez nous, ou si peu (quelques km de dunes et le Zwin ?). Nous avons 70 km de côte, il fallait évidemment que cela rapporte de l'argent. C'est cela entre autres le miracle économique flamand. Triste.

Et ce n'est pas tout, comme nos amis flamands très entreprenants ont agrandi le port de Zeebruge, un banc de sable se forme au large de Knokke-Heist qui, si l'on ne prend pas des mesures, pourrait déplacer l'accès aux plages de plusieurs centaines de mètres ... Pourquoi sont ils inquiets à Knokke ? Ils créeront un petit train touristique pour rejoindre la plage, cela créera des emplois et générera des bénéfices. J'ai connu cela au Portugal, dans la région de Faro. Les stations balnéaires y sont construites à un km ou plus du front de mer resté sauvage. Mais c'était pour préserver la côte.

http://www.levif.be/info/actualite/sciences-et-sante/l-apparition-d-un-banc-de-sable-devant-knokke-heist-inquiete/article-1194669485719.htm

Et puis de toute façon, avec la hausse programmée du niveau des mers et océans, la Mer du nord qui s'était écartée de Bruges, il y a quelques siècles, pourrait bien y revenir ...

Mes amis flamands devront alors construire des digues, comme leurs voisins néerlandais. Heureusement, les wallons n'auront pas à financer ces digues, l'Etat fédéral (s'il en existe encore un) non plus, les flamands seuls paieront pour sauver la Vlaamse kust !







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