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samedi 2 juin 2012

Le coeur, la langue, les mains ... et les mots

J'ai lu, lors de mon dernier séjour au monastère de Wavreumont, un livre fort érudit du Père Bernard de Geradon, qui en fut le prieur (Le coeur, la langue, les mains, Desclée de Brouwer, 1974). Le propos  est d'opposer à la dualité "corps/âme", "chair/esprit", typique de la philosophie greco-latine, une triade plus représentative de la nature humaine "le coeur, le langage, les gestes extérieurs". L'auteur explore ce thème à travers la Bible, les écrits des pères de l'Eglise, la liturgie, la littérature, la psychanalyse, mais aussi le langage quotidien et les formes grammaticales. L'exercice intellectuel est brillant, même s'il n'est pas toujours totalement convaincant.

J'ai pris un réel plaisir à lire le chapitre consacré au langage quotidien.

Rappelons la thèse de l'auteur : l'homme se définit dans une triade (le coeur, la langue, les mains).

Il est étonnant de constater que cela se vérifie dans le langage courant, chacun des éléments de la triade pouvant se décliner dans des formes analogues (par exemple, main/pied).

Prendre à coeur - prendre au mot - prendre en main
Avoir l'oeil sur - avoir une dent contre - avoir la main
Donner son coeur - donner sa parole - donner sa main
Perdre coeur - perdre haleine - perdre pied
Fendre le coeur - couper le sifflet - couper bras et jambes
Le coeur serré - serrer les dents - serrer les poings
Livrer son coeur en pâture - donner sa langue au chat - mettre la main au feu

Voilà quelques exemples pour les verbes, passons aux substantifs.

Au bout des yeux - sur le bout de la langue - à bout de bras
A contre-coeur - sans contredit - à contre-pied
Coeur de pierre - langue de vipère - main de fer
Coup d'oeil - coup de bec - coup de main


Ce qui est amusant, et même intriguant, c'est que j'ai beau chercher : rien ne me vient à l'esprit pour  compléter ces séries, comme s'il était impossible de sortir de la triade mise en lumière par l'auteur.




1 commentaire:

  1. Proposition de N.C.M., ma psy : avoir le coeur sur la main, ou la main sur le coeur, et ne pas avoir les yeux dans sa poche ...

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