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mardi 8 mai 2012

La vigne et le sarment

Le chapitre 15 de l'évangile de Jean traite dans sa première partie (v. 1 à 17) de la vigne, du cep, du sarment et du vigneron. Jean, plus que les autres évangélistes, s'attache à donner du sens aux souvenirs qu'il relate, témoin direct souvent, témoin indirect parfois. Il écrit plus tard que Luc, Marc et Matthieu, après un long temps de maturation. C'est pourquoi j'ai toujours eu une préférence pour Jean. Il cherche à donner du sens aux événements.

Je ne sais pas si Jésus a réellement prononcé le discours que Jean relate. Est-ce si important ? Dans ma religion, contrairement à l'Islam, jamais Dieu ne dicte directement ce qu'il faut écrire. Il a besoin d'intermédiaires pour donner à sa parole toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, en laissant toujours le prochain chapitre ouvert.

La vigne, le soin qu'elle nécessite, le vin qu'elle produit, veulent dire quelque chose aux populations du Moyen-Orient, à l'époque de Jésus, d'avant (voir Isaïe), d'après, et aussi aujourd'hui. Ce message peut même réunir les croyants de par le monde, quelle que soit leur obédience.

Voici ce que je retiens de ce texte d'une richesse incommensurable.

D'abord, il y a la vigne, le cep, là où le courant de vie circule. Ensuite, il y a les sarments. Ils sont greffés à la vigne. Sans elle, ils n'existent pas ou meurent. Sans elle, ils ne peuvent porter de fruits. Ils meurent parfois aussi parce que la greffe ne prend pas. Le courant ne passe pas.

Je pense ici à certains de mes amis où la greffe n'a pas pris. Ils m'opposent des arguments d'opposition ou de raison, un phénomène de rejet, pourrait-on dire, comme lors de la greffe d'un organe ... aussi vital que le coeur.

Je pense aussi au discours de certains politiques, à des commentaires lus à propos des élections présidentielles françaises.  Je me demandais : à quel courant de vie se rattachent-ils ? Quel est leur cep ?

Quels fruits attend-on de la vigne ?
Quels fruits attend-on lorsqu'on cherche à exister sans elle ?

La réussite, l'argent, le plaisir, le pouvoir, la reconnaissance, une carrière, ... rien du tout parfois, ce qui est peut-être pire, car on acquiert alors la conviction que l'on peut prétendre à tout, sans limite, ni mesure ? Et si, à travers tout cela, se trouvait finalement une profonde incapacité à être rassuré sur ses faiblesses et sur ses manques ?

Qu'attend-on de la vigne ? La vie et la liberté ! Un élargissement de soi, un dépouillement de soi, un autre espace que soi. Pour moi, l'attitude religieuse consiste à reconnaître qu'on n'est pas le seul maître à bord, c'est se projeter au-delà de soi. Etre convaincu et affirmer qu'il y a une autre dimension pour vivre.

Mais n'oublions pas ceci. Le vigneron coupe ce qui ne portera pas de fruit, et émonde les rameaux porteurs pour qu'ils portent encore plus de fruits.

L'expérience est toujours douloureuse. Ce n'est vraiment pas simple de vivre l'éradication en nous de ce qui nous constitue, mais ne véhicule pas la vie. J'en témoigne, tout en étant sûr que cela nous concerne tous. Je crois, pour ma part, que le jeu en vaut la chandelle.




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