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jeudi 10 mai 2012

La littérature érotique et moi


Un ami m'a récemment offert, avant un départ en voyage, un livre d'Oscar Wilde, en me disant : "je suis sûr que tu aimeras". J'aime beaucoup les aphorismes d'Oscar Wilde, j'ai aimé certaines de ses pièces, son esprit, j'ai aimé aussi évidemment Le portrait de Dorian Gray. Je ne connaissais pas l'ouvrage que m'a remis mon ami.

Quand je l'ai ouvert, je n'ai pas tout de suite remarqué que la préface était de Jean-Jacques Pauvert, cet éditeur français qui s'est fixé pour objectif de publier des oeuvres, restées méconnues, parce que licencieuses ou irrévérencieuses. On lui doit d'avoir mis à la disposition de tous les oeuvres du divin marquis, le Marquis de Sade. 

Qu'en formules gracieuses les choses sont dites dans cette histoire où un homme mûr, lors d'un concert, succombe au regard que lui lance le jeune pianiste sur scène. Peut-on parler d'une histoire d'amour ? Une passion amoureuse, avec ce qu'elle peut comporter de déni de l'interdit et de souffrance, tant il est vrai que, dans une passion, un aime souvent plus que l'autre. Le jeune pianiste jouera le jeu, témoignant de suffisamment d'ambigüité et de provocation pour faire naître le sentiment amoureux chez son admirateur, mais, il semble bien que ce n'était qu'un jeu. Vieille histoire dans le fond, classique, et fréquente dans les relations sentimentales, voire sexuelles, entre un homme plus jeune et un autre plus âgé. Un rapport dominant/dominé habite souvent, mais pas nécessairement, ces relations. Il serait trop long d'en parler ici.

Ce n'est donc pas l'intrigue qui est originale. Le sujet a été traité par bien d'autres, parfois mieux. Combien de romans n'ai-je pas lu sur le sujet, quand moi-même j'y ai été confronté ?

Ce qui fait l'originalité du récit que m'a remis mon ami, c'est qu'il s'agit d'une oeuvre érotique (le sous-titre la qualifie d' "étude physiologique").

Je me suis amusé, un temps, de l'art déployé par l'auteur pour parler de ces "choses-là", sans avoir l'air d'y toucher, tout en étant très clair dans son propos. Mais je me suis vite lassé. Autant la situation m'intéressait, autant les descriptions m'ennuyaient, malgré le style flamboyant. Et plus cela devenait explicite, plus cela m'ennuyait. Je parle bien d'ennui, de désintérêt, je n'étais pas du tout choqué. Bref, ce livre ne m'apprenait pas grand-chose, ni des relations humaines, ni de ces "choses-là ".

Il ne m'a pas fait fantasmer un seul instant. Je préfère être l'auteur et le metteur en scène de mon propre imaginaire érotique.

Il va sans dire aussi que j'éprouve le même ennui face à certains livres d'aujourd'hui. Parfois, ils n'ont même pas le chic de parler des mêmes choses avec distance, ni avec style, ils sont encore plus ennuyeux. Et, comme ils sont publiés, par les éditeurs les plus connus, on ne dispose même pas de l'avertissement  "Préface ou édition : Jean-Jacques Pauvert", pour être mis d’emblée au parfum.

Bien entendu, je ne dis pas qu'il est inutile et vain d'étudier l'oeuvre de Sade ou d'autres. Et, sans doute, certains trouvent-ils leur compte à la lecture de ces ouvrages.

Moi pas. Je préfère la description des sentiments et l'analyse des enjeux de la relation au récit, fût-il imagé et bien troussé, de quelques privautés.



Editions La Musardine
Coll. Lectures amoureuses
2009






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