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mercredi 11 avril 2012

Les deux amours

Mon ami, JPR, a publié, ce jour, sur son blog un article qui me touche particulièrement.

http://rousseaumusique.blog.com/2012/04/11/vie-privee

Il évoque deux personnes qu'il a connues, qui me sont inconnues, et dont le journal Le Monde a annoncé le décès.

Il s'agit de deux hommes mariés, qui avaient aussi une relation privilégiée, amoureuse, avec un homme. Mon ami, qui en sait plus que moi, se réjouit de voir l'ami de coeur, l'amant sans doute aussi, présent dans l'annonce mortuaire publiée dans le journal. Il se demande si c'est un crime, ou un délit, d'avoir plusieurs amours, plusieurs amitiés. Il veut de toute évidence dire : simultanément.

Je me suis beaucoup posé cette question, il y a une quinzaine d'années.

Il m'a toujours semblé que l'on confondait, dans les milieux traditionnels, la fidélité et l'exclusivité. L'exclusivité exprime une vision totalitaire : je dois être tout pour toi et tu dois être tout pour moi. Cette conception, entre deux humains, est vouée à l'échec et il est effrayant de constater que, pour pérenniser ce modèle impossible, l'Eglise, et même la loi, ont créé toutes les conditions possibles pour nourrir la culpabilité en cas d'écart.

Lorsqu'étant en couple, un membre de celui-ci rencontre quelqu'un qui lui donne un surcroît de vie, occupe en lui avec amour des terrains éteints ou en friche, y a-t-il rupture de la fidélité ? Pas nécessairement. On peut rester pleinement fidèle à ses engagements et trouver un "surplus de vie" dans une relation extra-conjugale. Ce "surplus de vie" peut même rejaillir de manière bénéfique sur la vie du couple et de la famille principale.

La question qui se pose est toujours la même : pourquoi ne pas se contenter d'une chaste amitié ? Pourquoi céder à l'amour et au désir d'exprimer celui-ci avec le corps ?

Deux choses :
- pourquoi le sentiment amoureux devrait-il être exclusif ? N'est-il pas possible d'être amoureux - je dis bien amoureux - en même temps de plus d'une personne ? J'ai cru, un moment, que cela pouvait être possible. Cela ne l'a pas été, parce que mon premier amour ne pouvait imaginer de me partager avec qui que ce soit. Pourtant, je n'avais pas une maîtresse, qui aurait pu être une rivale, j'avais un ami de coeur qui a toujours respecté mon statut d'homme marié et de père, et s'est senti vraiment mal quand il a vu que sa présence fragilisait mon couple et ma famille. Qui aimait le plus à ce moment ?
- se pose finalement toujours la question du corps. Le mari qui trompe sa femme avec son équipe de foot ou avec la politique est au-delà de tout soupçon, celui qui touche un autre corps que celui de sa femme est adultère. Pourtant quoi de plus naturel quand on aime vraiment quelqu'un que de l'exprimer avec le langage du corps. J'ai bien dit : quand on aime quelqu'un. Je ne prône donc pas ici le libertinage. Je tente de donner au corps sa juste place. Il ne faut pas s'interdire le corps, il ne faut pas lui donner la priorité non plus.

On peut aussi choisir, cela doit être un choix librement consenti et mûrement réfléchi, de vivre des relations de pure amitié, avec des limites sur le plan physique. Ces relations ne sont pas moins riches. Elles sont même parfois plus riches.

Les protagonistes des avis nécrologiques, qui ont inspiré mon ami, suscitent en moi le respect. Les relations qu'ils ont vécues ne sont pas classiques, mais elles étaient animées par un amour vrai. Je trouve beau qu'il soit reconnu et affirmé aux yeux de tous dans l'annonce publiée.










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