Rechercher dans ce blog

jeudi 22 mars 2012

Les candidats à la présidentielle française et les drames de Montauban et Toulouse

Il me semble évident que les récents événements de Montauban et Toulouse, et leur issue, vont peser lourd sur le reste de la campagne électorale française. Cela ne me réjouit pas : il ne faudrait pas que les questions sécuritaires occultent les autres problèmes, bien plus nombreux et importants.

Comment ont réagi les candidats à la présidentielle ?

Le Président-candidat, puisqu'il se fait qu'un des candidats est l'actuel président de la République, a tenu son rôle de président avec retenue, tact et dignité. On ne peut pas en dire autant de son entourage. Alors que le Président avait appelé à une trêve dans la campagne électorale, il n'a pas pu empêcher certains des siens de déraper. Alors que François Hollande s'est montré d'une dignité exemplaire, rendant notamment hommage à l'intervention des forces de police, certains membres de l'UMP, à commencer par  François Copé et une obscure députée de Meurthe-et-Moselle, ont cru bon, alors que les victimes n'étaient pas encore inhumées, de stigmatiser la gauche et son angélisme.Toutes les mesures que Nicolas Sarkozy a proposées, durant son quinquennat, pour améliorer la sécurité du pays, auraient été contrées par la gauche ... ce qui n'a pas empêché qu'elles soient votées. Etrange raisonnement. La gauche a joué son rôle d'opposition dans un système majoritaire qui n'a de cesse d'opposer les uns aux autres. Etrange raisonnement surtout, car on pourrait dire aussi bien - ce que François Hollande s'est abstenu de faire - qu'on en est arrivé à une extrémité aussi fatale, à cause des défaillances de dix ans de politique sécuritaire Sarkozyste, faite d'attitudes matamoresques et d'une réduction drastique des moyens. Faut-il considérer le fait comme rassurant ? Le Président étant ce qu'il est, a, dès ce matin, annoncé de nouvelles mesures et réformes, comme le contrôle à l'accès des sites internet djihadistes, par exemple. Ce brave homme, j'en suis convaincu, croit bien faire. Ces nouvelles mesures législatives sont-elles nécessaires, indispensables, ou simplement un effet d'annonce ? On a déjà indiqué qu'elles pourraient être contraires à la Constitution et au-delà de celle-ci à certains engagements internationaux de la France. Plutôt qu'agir dans la précipitation, pour montrer qu'on agit, ne conviendrait-il pas plutôt de réfléchir en profondeur ?

François Hollande a cherché à être juste et digne. Il n'a fait aucune déclaration fracassante. Il aurait pu, pour rééquilibrer l'espace que l'événement offrait à son rival. Il a fait preuve de sobriété. Le fait qu'il ait assisté (il n'était pas le seul) aux funérailles des militaires de Montauban constituait-il une récupération de l'événement ? Certains à droite ont considéré qu'il n'aurait pas dû être là. Je trouve au contraire très bien qu'il ait été là. Il se présente comme président pour tous les français, il était dès lors normal qu'il soit présent au coeur d'un événement qui a touché l'ensemble des français, en outre dans leur diversité culturelle et religieuse. La déclaration qu'il a faite n'a pas du tout indiqué qu'il serait laxiste, comme le sont tous les gauchistes aux yeux des gens de droite.

Ah si. Marine Le Pen, bien sûr, avant tout le monde même. N'oublions pas que le tueur, à ses yeux, n'était pas fou, ni aliéné à une idéologie sectaire ; bien que né en France, il se considérait "plus musulman que français", a-t-elle dit. Tel était son défaut. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi idiot. Bien entendu, tout cela est de la faute de l'UMP qui n'a pas su prendre les mesures qui s'imposent. Mais les sympathisants du  Front national ont aussi le chic de fonder leurs opinions sur des idioties et un programme inconsistant. Comme presque toujours, Marine Le Pen ferait mieux, de parler moins ou alors de se taire (comme ce n'est pas compatible avec la démocratie,  il faudra donc encore la supporter).

François Bayrou n'a pas vraiment respecté la trêve. Les journalistes ont dit qu'il avait posé les "questions qui fâchent". Si, Bayrou, le centriste mou, pouvait toujours jouer ce rôle-là, et bien je me réjouirais. Le centre qui dérange ! A un mauvais moment, j'en conviens, il s'est demandé (et nous a demandé) si le drame intervenu, qui met en question notre société, ne pouvait pas être, si pas justifié, expliqué, par certains discours, particulièrement en odeur de sainteté en Sarkozye, consistant à diviser, à opposer. Les pauvres et les riches. Les vrais français et ceux qui le sont un peu moins ou pas tout à fait. N'oublions pas, par exemple, que le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant - qu'on félicite pour son efficacité dans le drame de Toulouse - est aussi celui qui a osé affirmer que "toutes les civilisations ne se valent pas" entre autres amabilités. Quand Sarko, après cela, réunit les dignitaires religieux des trois religions monothéistes, pour une union nationale, qui récupère l'événement ?

Oublions, madame Joly. J'ai de la peine pour elle, je la trouve sympathique, mais insignifiante.

Reste le candidat Mélenchon, le candidat atypique, le seul des candidats qui sache discourir de manière fluide dans un français correct, avec des phrases construites, et même mieux que cela, des phrases que l'on citera peut-être un jour en exemple pour la forme et pour le fond. Il n'a pas fait la trêve de la campagne. Il a maintenu ses rendez-vous, ses meetings. Il n'a pas ignoré les événements tragiques qui s'étaient produits. A chaque fois, il les a évoqués en termes justes et invité au recueillement.

Parenthèse : la minute de silence devrait toujours être un moment choisi et pas imposé. On y adhère ou pas. Quand Sarko, par voie de circulaire, impose à toutes les écoles de la République de faire une minute de silence, les enseignants (fonctionnaires chargés d'appliquer les circulaires) sont vraiment fort embarrassés, parce que partagés sur la pertinence de l'initiative. Comme si la volonté présidentielle était totalement déconnectée de la réalité des classes, des élèves (parfois très jeunes) et de leurs parents.

Revenons à Mélenchon, il trouve souvent les mots justes. Il détecte l'indécence là où elle se trouve. Il dénonce quand il faut dénoncer. Mais aussi il a du respect, quand il faut en avoir. Il est indispensable dans cette campagne électorale. J'oubliais, il est le seul à avoir une réelle vision, quoiqu'on pense de celle-ci.

Ceci est un résumé de mes sentiments, après de nombreuses lectures ... Elles ont été tellement nombreuses que les citer était impossible. Il faudra donc me croire, sur parole, quand je relate quelque chose.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.