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vendredi 10 février 2012

Le sourd-muet

Cet homme est né avec un problème de surdité, et, s'il n'est pas muet, il parle difficilement après une longue rééducation sans doute. Il faut faire un effort pour le comprendre. Mais c'est un esprit simple, cela ne le tracasse pas. Je le croise tous les matins. Il est comme il est. On parle un peu. Il rend des petits services aux uns et aux autres. On l'aime bien dans mon quartier où l'on a encore un peu le coeur sur la main et où on aime les gens simples.

Parmi les récits de guérison figurant dans les évangiles, celui du sourd-muet m'interpelle particulièrement (Mc, 7, 31-37).

Un homme sourd et parlant difficilement est amené à Jésus, pour qu'il lui impose les mains.

La réaction de Jésus me touche et m'intrigue.

D'abord, Jésus le prend à l'écart, loin de la foule (Mc, 7, 33). Ceci est très important. La guérison selon Jésus se joue toujours dans l'intimité, dans le coeur à coeur. Elle s'accommode mal du grand public, qui ne demande qu'à s'extasier devant des miracles. Jésus prend d'ailleurs toujours soin de recommander à ceux qu'il a guéris de n'en parler à personne (Mc, 7, 36). Les guérisons par Jésus sont toujours une expérience intime.

Une fois à l'écart avec le sourd-muet, Jésus suit un rituel fait de gestes et de mots.

Les gestes m'échappent, je dois le dire : il lui met les doigts dans les oreilles, il crache et il lui touche la langue (Mc, 7, 33). Les mots me parlent plus. D'abord, Jésus soupire, puis il dit : "Ephphata", c'est-à-dire: "Ouvre toi" (Mc, 7, 34).

Arrêtons-nous donc aux mots.

On sait que ce qui touche à la respiration, au souffle, inspiré et expiré, a toujours une grande importance dans la Bible, mais aussi dans les religions extrême-orientales. Impossible d'aborder ce large thème ici. Retenons que le souffle donne et nourrit la vie. Le petit d'homme qui naît détermine sa vie future dans un premier réflexe: aspirer l'air. Nous en faisons tous l'expérience, sans nous en rendre compte, tant notre respiration nous est naturelle. "Soupirer", cela veut dire ici que Jésus communique, partage, le souffle de vie qui est en lui. Car, c'est bien de cela qu'il s'agit. Rendre vie à ce qui est mort ou s'est endormi chez son "patient".

Et puis, il y a un mot : "Ephphata" ("Ouvre-toi"). Je vais t'aider à briser les liens qui t'empêchent d'entendre et de dire.

Demain, tu entendras plus largement, ton univers ne sera plus limité à quelques paroles, quelques idées, quelques certitudes, quelques caucus, autour desquels tu t'es construit (mais avais-tu un autre choix ?).

Demain, tu trouveras les mots, tu parleras plus librement, tu quitteras les formules toutes faites, tu auras l'audace de dire ce que tu penses et surtout ce que tu es.

Cela veut dire que tu vas devoir user de ta liberté. La guérison qui t'est offerte fait de toi un homme libre. Et ce n'est pas si facile d'être un homme libre.

Ceci aussi est important : quand Jésus libère, il ne garantit pas le "service après-vente". Il fait un cadeau et nous laisse libres d'en faire quelque chose.

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