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lundi 20 février 2012

Comment les disques de notre enfance nous façonnent

Mon ami JPR, qui a l'âme vacancière,  nous a partagé dernièrement, sur son blog, quelques-unes de ses chansons de jeunesse. Cela m'a amusé et m'inspire aujourd'hui.

Comme lui (nous sommes de la même génération), j'ai reçu pour ma communion solennelle, à moins que ce ne soit à Noël, un "tourne-disque". Cela signifiait un pas vers l'autonomie : ce cadeau allait nous permettre d'écouter dans notre chambre la musique que nous voulions.




Avec mon premier tourne-disque, j'avais reçu deux 45 tours. Le premier portait sur un conte de Noël : "Bouli La Loutre". On écoutait le disque en regardant des images dans un livret. J'étais ébloui. Le second 45 tours était des Compagnons de la Chanson : il y avait "Kalinka", "Cheveux fous et lèvres roses", "Compagnons de la Marjolaine" et "L'enfant aux cymbales".



Il a tourné jusqu'à l'usure, je chantais avec. Je me prenais pour Fred Mella. Sans cela, je ne serais sans doute pas aujourd'hui toujours à l'affût des ensembles vocaux : King's singers, Chanticleer, Real Group, Manhattan Transfer, Singers unlimited, Swingle singers, et autres ...

Un autre disque a joué un rôle important pour moi. Mes parents avaient quelques 33 tours, une trentaine tout au plus, Trenet, Piaf, André Claveau, Les pêcheurs de perle, Carmen, Faust, ... et un disque égaré dans ce cénacle : Harry Belafonte chantant des negro-spirituals. Ce disque que je n'aimais pas au début est devenu mon préféré, en même temps que je compilais tout ce qui pouvait exister des Compagnons de la chanson. Ce disque-là aussi a tourné jusqu'à l'usure. Il faut dire qu'il est exceptionnel par l'interprétation et par les arrangements. Avant d'en retrouver une version écoutable, selon les modes d'aujourd'hui, il m'a fallu attendre longtemps. Ma passion pour Mahalia Jackson, The Golden Gate Quartet, The Stars of Faith est née avec ce disque.



Un autre disque a joué un rôle capital dans mon univers musical : ma grand-mère, qui n'était point mélomane, avait quelques disques, dans un petit meuble où se trouvaient aussi la bouteille de porto et celle de cognac ... J'ai longtemps associé la musique aux effluves d'alcool qui baignaient ce petit meuble (que je possède aujourd'hui). Parmi ces disques, un 33 tours petit format, comme on faisait à l'époque, des moines de Chevetogne. Musique monastique et slavonne. Un choc. Pendant des années, je me suis endormi avec le chant des moines de Chevetogne, ce que ma mère trouvait étrange. Ce disque m'aidait à prier aussi. Il est toujours diffusé dans le commerce aujourd'hui, quarante après. Je l'écoute toujours plus d'une fois par semaine.




Tel était mon univers musical d'enfant et d'adolescent.

Il s'est un peu ouvert grâce à quelques amis. Il y a eu Brel, puis Hugues Aufray et Michel Fugain, lors des camps scouts, et ensuite Barbara. Ferré est venu après grâce à un père jésuite audacieux. J'ai découvert Ferrat et Brassens par moi-même. Etrangement, Aznavour était alors absent, alors qu'il dit si souvent ce que je voudrais dire. Mais, suite à un séjour aux Pays-Bas, il y a eu aussi Joan Baez, Peter, Paul and Mary et Bob Dylan. Il y a eu aussi ces longues soirées chez les scouts, avec Paul et Marc, le trio chantant ( à 3 voix, s'il vous plaît ... les autres devaient suivre ou nous contempler). Guantanamera ...

J'étais alors plus ou moins en rhéto. J'ai consacré mon argent de poche à souscrire à une collection de disques classiques sur les symphonies. J'ai toujours ces vinyls qui n'intéressent plus personne. C'est à cette époque aussi que j'ai trouvé un réel intérêt pour la musique ancienne, grâce à un autre père jésuite, intérêt qui ne s'est depuis jamais démenti. Les musiques du monde sont venues après, sans père jésuite du tout.

Je dois bien constater que mon univers musical était limité.

Ainsi, je ne parviens toujours pas à communier avec ceux de ma génération (ou celle juste après) qui ont été marqués par les Beatles, les Rolling Stones, David Bowie, Michael Jackson, Abba, Witney Houston,  ... et que dire de ACDC et autres que je connais encore moins.

Quand j'ai découvert les Beatles, c'est quand ils ont été interprétés, et réorchestrés, par d'autres. C'était, il faut le dire, beaucoup mieux que l'original.

Quant à la musique dite classique, elle a d'abord été marquée par un événement familial. Mon cousin a été demi-finaliste, je crois, au Concours Reine Elisabeth. Il a présenté le 1er concerto pour piano de Tchaikowski. La famille a du coup vibré sur : "Pom, pom, pom, pom ...", à ne pas confondre avec le "Pom, pom, pom" en mi bémol majeur de Ludwig van (von?) Beethoven. Bref, s'il est une oeuvre classique qui a marqué mon jeune temps, c'est bien le 1er Concerto pour piano de Tchaikowski !

Depuis, j'ai aimé batifoler à gauche et à droite, au gré de mes émotions et sans tenir compte des autres, des événements, des festivals et des concerts.  Je constate que je reste "à la marge". J'aime bien Juliette et Thomas Dutronc. Grand corps malade aussi. Les autres, je ne les connais pas.

J'aime bien Cédric Tiberghien, Alexandre Tharaud, Philippe Jaroussky, Christina Pluhar.

Les plus anciens n'ont pas besoin qu'on leur dise qu'on les aime, ils ne le savent que trop, mais on a besoin d'eux pourtant.

Ce texte est provisoire ... évidemment.

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