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dimanche 18 décembre 2011

J'ai lu dans la presse des choses étonnantes, cette semaine

Le Canada a décidé de supprimer l'"âge obligatoire de la retraite".

http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/general/l-age-obligatoire-de-la-retraite-aboli/539014

Voilà donc un pays où le gouvernement considère que les citoyens en ont tellement marre d'être "contraints" de prendre leur retraite à 65 ans, qu'il faut les autoriser à travailler après cet âge puisqu'ils ne demandent que cela. Etonnant, non ? De l'autre côté de l'Atlantique, les citoyens pensent plutôt au moment où ils "pourront" prendre enfin leur retraite. Le pouvoir politique ne cesse pourtant de réduire de plus en plus leurs espérances, en repoussant l'âge à partir duquel ils seront "autorisés" à partir à la retraite. En Belgique en tout cas, le même pouvoir ne manque pas de limiter le droit à la pension de retraite, qui est le résultat d'années de travail, et le cumul avec une nouvelle activité lucrative. Etrange ?

Un océan de différences.

Ya -t-il là une certaine logique ?

Oui peut-être, le Canada connaît, paraît-il, une pénurie de main d'oeuvre et l'Europe un trop plein de chômeurs. C'est donc la quantité de travail offerte qui est en cause. Nous avons trop de chômeurs parce que nous n'offrons pas assez d'emplois. Les canadiens n'ont pas assez de travailleurs parce qu'ils offrent trop d'emplois. Je sais que la réalité est un peu plus subtile que cela, mais laissez-moi jouer le jeu. Car ce n'est qu'un jeu, même si le jeu permet de dire certaines vérités.

Une première mesure pourrait être que le Canada offre aux chômeurs européens le trop-plein d'emploi dont ils ne savent que faire, quitte à décevoir leurs papys. Deux possibilités : importer au Canada des chômeurs européens (belges, si possible) ; délocaliser en Europe (en Belgique, si possible) la part excédentaire de l'offre d'emploi canadienne.

Je pressens pourtant un blocage. Non que les européens soient rétifs à s'expatrier au Canada - à voir le nombre de citoyens du Québec qui portent le patronyme "Parent" - ma lignée en est un exemple. Mes descendants nés au Brésil, après un passage par la Belgique, pourraient prendre la relève. Une nouvelle délocalisation en quelque sorte.

Puisque le Canada manque cruellement de main d'oeuvre, on trouverait naturel que les entreprises canadiennes fassent appel à des travailleurs des pays de l'Orient que l'on dit extrême, la main d'oeuvre y est tellement moins coûteuse. Cela se fait beaucoup, paraît-il. Non, non, ce pays, préfère ses papys aux chinois.

Je trouve cette préférence assez géniale. Mais je me dis qu'il y a un "hic".

Je ne suis pas sûr de ce que je vais avancer, mais j'ose quand même. Les papys canadiens n'ont peut-être pas (ou plus) envie d'être mis obligatoirement à la retraite à 65 ans, parce qu'ils risquent de ne gagner que des clopinettes, à moins d'avoir souscrit un plan privé de pension auprès d'un fonds, qui cependant n'aura aucun scrupule à leur annoncer que des "bulles imprévisibles" ne lui permet pas d'assurer ce qu' ils comptaient. S'ils veulent survivre, les papys canadiens n'ont donc pas d'autre solution que de continuer à travailler. Ils devaient en obtenir l'autorisation ! Dans ce vaste marché surabondant de l'emploi du Canada, voilà une manière élégante de faire passer l'idée du report de l'âge de la retraite. Nous manquons tellement de mains d'oeuvre que nous voulons permettre aux papys de travailler aussi longtemps qu'ils le veulent. Plus jésuite que ça ...

Un océan de différences, disais-je.

Chez nous, ce n'est pas mieux. On va "contraindre" les papys à travailler plus longtemps, pour financer leurs retraites. Dans un marché de l'emploi aussi restreint, l'allongement de la durée du travail ne va pas faire le bonheur des jeunes demandeurs d'emploi et des chômeurs, qui aimeraient beaucoup qu'on leur "permette" de travailler. C'est un peu comme l'irréaliste "travailler plus, pour gagner plus" de Nicolas Sarkozy, qui, pour les salariés, signifie que certains, par leur effort certes pour devenir plus riches, prendront une part de l'offre de travail au détriments d'autres qui n'ont jamais demandé à être plus pauvres. La gauche plus réaliste, et moins individualiste, avait osé l'idée de partager le temps de travail.

Car, l'enjeu est là : comment se fait-il que le Canada crée une offre d'emploi excédentaire et l'Europe pas ?

Pourquoi nos entreprises offrent-elles si peu d'emploi ? Pourquoi nos pays, la  Belgique notamment, se sont-ils "désindustrialisés" ? Pourquoi, le pouvoir de décision s'est-il déplacé chez les financiers ? Pourquoi les patrons "paternalistes", il y en a eu (allez visiter le site du Grand Hornu), ont-ils cédé la place à des requins sans scrupule ?

Un économiste détient la solution : "il faut absolument réduire les salaires pour exporter plus" (j'ai lu ça dans la presse, mais je ne sais plus où). Il faut savoir que les économistes n'ont jamais de solution. Ils échafaudent des hypothèses, en les couvrant de chiffres, de graphiques et de statistiques pour leur donner un statut d'honorabilité. Mais il n'est point de science plus inexacte que la science économique.  Quand ils ouvrent une perspective, ils créent une brèche, dont ils s'abstiennent de parler. J'aime cette citation d'un auteur qui m'est inconnu : "Le premier économiste s'appelait Christophe Colomb : il est parti sans savoir où il allait, il est arrivé sans savoir où il était et tout a été financé par les deniers de l'Etat".

Dans le cas présent, le salarié, dont le salaire préalablement réduit aura permis d'exporter plus, en sortira-t-il gagnant ? Y aura-t-il création d'emplois en réduisant les salaires ? Car, bon  sang, tous ces gens qui gagneront moins, consommeront moins et ne seront guère à même de relancer l'économie locale.

Je m'étonne que cet excellent économiste n'évoque pas une autre alternative. Et si on importait moins ? Et si on confiait davantage à l'emploi local la satisfaction des besoins locaux et la consommation locale ? Et si on revoyait un peu nos besoins ? Cela coûterait-t-il plus cher ? Oui peut-être un peu à cause du coût salarial, mais on économisera par contre beaucoup sur les frais de transport et sur les intermédiaires.

Oui, mais cela veut dire alors qu'on risque de mettre au chômage des transporteurs et des intermédiaires ? Je n'hésite pas à dire oui. Mais on peut les aider à se reconvertir.

S'il fallait utiliser un critère, cela pourrait être : l'utile et l'inutile.

Terminons ces propos dominicaux par cette citation de Maurice (pas Alphonse) Allais : " Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenteraient guère d'importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n'engendraient pas, par leurs implications, de profondes vagues d'optimisme ou de pessimisme qui influent considérablement sur l'économie  réelle  (...). Le système actuel est fondamentalement anti-économique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités ".

Et, pour se rassurer un peu, cette citation d'Alphonse (pas Maurice) Allais : "La misère a cela de bon qu'elle supprime la crainte des voleurs ".

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