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jeudi 29 décembre 2011

Dispute à la basilique de la Nativité à Bethléem

Lors de mon voyage en Israêl, en 1973 - j'avais dix-huit ans - plusieurs choses m'avaient frappé, séduit et questionné :
- la cohabitation tendue des trois religions monothéistes ;
- le Mur des lamentations auquel j'avais eu accès, et où j'ai prié, et les mosquées que j'avais dû contempler de loin ;
- la diversité des rites chrétiens (qui me passionnait) et les invraisemblables rivalités entre eux (qui me désolaient). On m'avait expliqué qu'à Bethléem, dans la basilique de la Nativité, partagée entre grecs-orthodoxes, catholiques et arméniens, le nettoyage posait souvent problème tant les querelles de territoire étaient vives (il pouvait s'agir de la position d'un tapis qui aurait été déplacé d'un centimètre). Au Saint-Sépulchre, ce n'était pas mieux ... à certains moments, les diverses liturgies se superposaient, l'enjeu étant de chanter plus fort que les autres ;
- l'armée qui, à cette époque, était à tous les coins de rue ;
- et puis, cela me frappait, les riches étaient toujours juifs ou arméniens, et les pauvres, arabes ou palestiniens. Cela sautait aux yeux. J'ai passé deux jours dans un kibboutz, prospère et abondantdans la vallée du Jourdain,  puis rejoint la Cisjordanie, où tout avait l'air plus délabré, plus désenchanté, moins prospère. Pourquoi ? Les samaritains de Naplouse, que j'ai rencontrés, partageaient, il faut le dire, le même sort d'exclu que celui des palestiniens que j'y ai croisés. Les samaritains qui sont aujourd'hui moins d'un millier prient sur le mont Garizim, et non à Jérusalem, n'acceptant des livre sacrés que le Pentateuque.




Cela me faisait penser à des choses de mon pays : les querelles de territoire, les riches et les pauvres qui ne se mélangent pas vraiment, les ethnies (croyances, langues, ...) qui se veulent séparées, comme si l'éternelle opposition entre les flamands et les wallons se trouvait ici dupliquée en plus complexe avec les mêmes revendications.

Apparemment rien n'a changé, quarante ans après. On se bat toujours lors du nettoyage de la basilique de la Nativité à Bethléem. Il faut dire, m'avait-on expliqué, que les grecs-orthodoxes ont la main mise sur la quasi-totalité du lieu. Les arméniens et les catholiques romains se contentent des miettes. Mais, il y a un tapis qui traverse la basilique (sans doute la plus ancienne église du monde) de la porte d'entrée de celle-ci jusqu'à l'entrée de la crypte. Ce tapis représente une servitude de passage en terre orthodoxe. Une concession faite aux arméniens et accessoirement aux catholiques romains. Ces hommes qui se battent, revêtus d'habits religieux, qui sont-ils ? De quelle croyance ou foi témoignent-ils ?


Ces querelles de clochers ne sont pas rassurantes. Elles semblent être pourtant le lot d'une très, très, grande région ...

Des dictatures ont été renversées, dans le monde arabe, tantôt sur l'initiative fort intéressée de pouvoirs occidentaux, tantôt sur la base de mouvements populaires qui aspirent à la liberté, à plus de démocratie.

Cette aspiration est-elle simplement concevable, quand le moindre trou d'air, devient une porte ouverte pour les luttes de clans, les oppositions tribales, les factions religieuses ? Tout ceci, saupoudré de quelques violences ou massacres ... 

Ces querelles, trop souvent violentes, feraient-elles partie de la culture ou de la tradition de ces pays ?  Il faudra sans doute du temps, beaucoup de temps, pour définir des partis politiques, délivrés de références d'un autre temps. Le faut-il seulement ? Ne faut-il pas inventer autre chose ?

Tout le monde oriental, pas seulement musulman - c'est cela que je veux dire - est marqué par une culture clanique ou tribale. Il ne s'agit donc pas de religion, mais de culture, de tradition et de communautarisme. La religion musulmane ne contribue guère à l'ouverture, malheureusement, il faut le reconnaître. Elle préfère généralement le repli : être entre soi à l'exclusion de l'autre. Je le regrette. Il faut dès lors sans cesse jeter des ponts. Mais, les juifs orthodoxes ne valent pas mieux. Et j'attendais mieux des moines arméniens et orthodoxes de Bethléem.








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