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jeudi 1 septembre 2011

A propos des évangiles apocryphes

La manière dont Jean-Yves Leloup aborde les évangiles apocryphes est non seulement exemplaire, mais  aussi fertile.

Je ne puis mieux faire que de reproduire ce qu'il a écrit dans l'introduction de sa traduction de l'évangile de Philippe (Albin Michel, 2003) :

Lorsque l'impératrice Hélène découvrit à Jérusalem la croix qui aurait porté le Christ, on parla d' " invention de la croix ", invention dans le sens de " in venire " qui signifie " venir au jour ". Laisser venir au jour ce qui est déjà là, c'est à la fois une découverte et un retour.
Pourrions-nous parler aujourd'hui d' " invention des Evangiles ", lorsque viennent au jour des évangiles qui étaient toujours là, mais enfouis dans les sables, hors de notre mémoire, comme ce fut le cas à Nag Hammadi en Haute-Egypte autour des années 1945 ? Cette redécouverte d'évangiles oubliés pourrait-elle être ... l'occasion d'un retour aux sources d'une tradition supposée connue mais qui ignore trop, c'est-à-dire beaucoup, de ses racines ?
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Ces évangiles sont appelés apocryphes, secrets, cachés, ou selon l'étymologie du grec apo, " en dessous ", sous les Ecritures.
De la même façon qu'on appelle inconscient ou subconscient ce qui est " en dessous " de la conscience et ce qui, d'une façon secrète et cachée, dirige ou manipule cette soi-disant  "conscience ", pourrions-nous parler d'évangiles " inconscients " dont le langage est d'ailleurs plus près de celui des rêves et des songes que de celui de l'histoire et de la raison, retenu par les évangiles dits " canoniques ".
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Notre intention ne sera pas de privilégier ou d'opposer les évangiles dits " canoniques " ou les évangiles dits " apocryphes ", mais de les lire ensemble.
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Certains s'inquiéteront de cette indétermination des origines du christianisme. 
La " venue au jour " de ces écrits antiques nous en rappelle, au contraire, la liberté et la richesse.
Si devenir adulte c'est assumer la part inconsciente qui préside à la plupart de nos actes conscients, accueillir ces évangiles, et avec eux le refoulé de notre culture, est peut-être une occasion pour que le christianisme devienne adulte ;  qu'il intègre à côté de ses dimensions historiques, rationnelles,  masculines en quelque sorte, ses dimensions mystiques, imaginaires ou imaginales : sa dimension féminine (qu'incarne à merveille Myriam de Magdala).

Jean-Yves Leloup est quelqu'un qui ne cesse d'ouvrir des perspectives nouvelles. J'aime ces chercheurs là.

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