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dimanche 17 juillet 2011

Les loups sont entrés dans Paris

On doit reconnaître à Eva Joly un certain savoir-faire. A peine promue candidate à l'élection présidentielle de 2012, elle s'interroge sur le défilé militaire du 14 juillet et suscite une polémique venant de la droite et de l'extrême-droite en des termes, ma foi, fort inquiétants, en ce compris dans la bouche du premier ministre François Fillon, que je croyais plus modéré.

Chr., ma libraire, a joliment exprimé les choses sur mon profil facebook, en disant : " elle (Eva Joly) est très habile à faire directement sortir tous les loups du bois ". C'est assez juste ; on en sait maintenant un peu plus sur chacun. Ainsi, Martine Aubry a déclaré que, si elle avait été présidente de la République, elle aurait, après les propos du premier ministre, demandé à celui-ci de se retirer. Qu'a-t-il dit encore ? Il a dit que madame Joly n'a pas "une connaissance très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises et de l'histoire française " et que son jugement, concernant le défilé militaire, est dès lors peu crédible. Allusion bien entendu au fait qu'elle n'est devenue française que par mariage, il y a quelques dizaines d'années, alors qu'elle a été aussi magistrat au service de la République française pendant des années et partage les valeurs de celle-ci. D'autres ont fait plus fort encore, comme je l'ai rapporté, dans mon article d'hier.

Grâce à l'intervention d'Eva Joly, on voit surtout à quel point de déliquescence se trouve la droite politique en France, sous l'animation de son inspiré président. A vrai dire, cette France-là est de plus en plus nauséabonde. Et qu'elle arrête de dire qu'elle a un programme, alors que la gauche n'en a pas. C'est trop médiocre. Les résultats sont là : des réformes à-tout-va, adoptées dans l'urgence, contestées de toutes parts, et sur lesquelles le Président revient ensuite. Une politique sécuritaire sans résultat tangible. Et surtout, surtout, un malaise de plus en plus perceptible dans toutes les couches de la société du pêcheur breton au magistrat à la cour de cassation.

On ne doit même plus compter sur les intellectuels (sauf quelques rares exceptions) pour donner un cap. Les seuls qui parlent justes sont étrangement des octogénaires ou des nonagénaires, des anciens résistants souvent (Jean Daniel, Stéphane Hessel, Edgar Morin). Plus récemment, Raymond Aubrac, s'est exprimé, à la Bastille, le 14 juillet dernier, en ces termes :



" Depuis bientôt un an, les plus hautes autorités de l’Etat s’acharnent à dresser les citoyens les uns contre les autres. Elles ont successivement jeté à la vindicte publique les Roms et les gens du voyage, les Français d’origine étrangère, les habitants des quartiers populaires, les chômeurs et précaires qualifiés d’« assistés »… Elles ont ressorti le vieux mensonge d’une immigration délinquante, elles pratiquent la politique de la peur et de la stigmatisation. 

Nous avons manifesté le 4 septembre 2010, dans toute la France, contre ce dévoiement de la République. Aujourd’hui, chacun mesure la terrible responsabilité de ceux qui ont donné un label de respectabilité aux idées d’extrême droite, à la xénophobie, à la haine et au rejet de l’autre. De dérapages verbaux en pseudo-débats, de crispations identitaires en reculs sociaux, la voie a été grande ouverte à une crise démocratique encore plus grave que celle du 21 avril 2002. 

Parce que nous sommes attachés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, nous ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous. Nous refusons que la peur soit utilisée pour faire reculer nos libertés, que les inégalités soient encouragées par l’injustice fiscale, le recul des droits sociaux et la démolition des services publics. 

Nous refusons cette République défigurée ; celle que nous voulons, c’est la République « laïque, démocratique et sociale » que proclame notre Constitution ; celle du 14 juillet 1789, du Rassemblement populaire de 1936, celle enfin du Conseil national de la Résistance. Celle qui s’attache inlassablement à garantir à tous l’égalité en dignité et en droits, l’égale liberté, l’égal respect de la part de ceux qui les gouvernent. 

C’est pourquoi nous lançons un appel solennel au rassemblement de toutes et tous, à la mobilisation des consciences pour le retour de cette République que nous voulons plus que jamais libre, égale et fraternelle. 

Deux cent vingt deuxième anniversaire de la prise de la Bastille, ce 14 juillet est le dernier avant l’échéance présidentielle de 2012. Sachons nous en saisir, nous rassembler pour fêter la République de la meilleure manière qui soit : en appelant nos concitoyennes et concitoyens à faire respecter ses valeurs, aujourd’hui et demain ".


http://www.angersmag.info/14-juillet-2011-Raymond-Aubrac-appelle-a-la-mobilisation_a3049.html

Pendant ce temps, on assiste héberlué :
- à l'effritement du projet européen, jadis si prometteur. Engluée dans une logique néo-libérale et dans l'incapacité des Etats à renoncer à leur souveraineté dans les domaines sensibles, comme la fiscalité, la politique économique, la défense, la politique étrangère, l'Europe devient un poids, alors qu'elle devait être un moteur et un espace d'émancipation ;
- à l'attitude de certains nouveaux Etats membres, comme la Hongrie, qui ne cesse de mener une politique diamétralement opposée aux valeurs européennes.

http://www.rtbf.be/info/monde/detail_des-camps-de-travail-obligatoires-visant-les-roms-en-hongrie?

Alors oui, il n'est pas déplacé de réécouter Serge Reggiani chantant "Les loups sont entrés dans Paris".



http://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM



Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c'était qu'du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l'paysage... alors

Les loups, ououh! ououououh!
Les loups étaient loin de Paris
En Croatie, en Germanie
Les loups étaient loin de Paris
J'aimais ton rire, charmante Elvire
Les loups étaient loin de Paris.

Mais ça fait cinquante lieues
Dans une nuit à queue leu leu
Dès que ça flaire une ripaille
De morts sur un champ de bataille
Dès que la peur hante les rues
Les loups s'en viennent la nuit venue... alors

Les loups, ououh! ououououh!
Les loups ont regardé vers Paris
De Croatie, de Germanie
Les loups ont regardé vers Paris
Tu peux sourire, charmante Elvire
Les loups regardent vers Paris.

Et v'là qu'il fit un rude hiver
Cent congestions en fait divers
Volets clos, on claquait des dents
Même dans les beaux arrondissements
Et personne n'osait plus le soir
Affronter la neige des boulevards... alors

Des loups ououh! ououououh!
Des loups sont entrés dans Paris
L'un par Issy, l'autre par Ivry
Deux loups sont entrés dans Paris
Ah tu peux rire, charmante Elvire
Deux loups sont entrés dans Paris.

Le premier n'avait plus qu'un oeil
C'était un vieux mâle de Krivoï
Il installa ses dix femelles
Dans le maigre square de Grenelle
Et nourrit ses deux cents petits
Avec les enfants de Passy... alors

Cent loups, ououh! ououououh!
Cent loups sont entrés dans Paris
Soit par Issy, soit par Ivry
Cent loups sont entrés dans Paris
Cessez de rire, charmante Elvire
Cent loups sont entrés dans Paris.

Le deuxième n'avait que trois pattes
C'était un loup gris des Carpates
Qu'on appelait Carêm'-Prenant
Il fit faire gras à ses enfants
Et leur offrit six ministères
Et tous les gardiens des fourrières... alors

Les loups ououh! ououououh!
Les loups ont envahi Paris
Soit par Issy, soit par Ivry
Les loups ont envahi Paris
Cessez de rire, charmante Elvire
Les loups ont envahi Paris.

Attirés par l'odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire carouss', liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France
Jusqu'à c'que les hommes aient retrouvé
L'amour et la fraternité.... alors

Les loups ououh! ououououh!
Les loups sont sortis de Paris
Soit par Issy, soit par Ivry
Les loups sont sortis de Paris
Tu peux sourire, charmante Elvire
Les loups sont sortis de Paris
J'aime ton rire, charmante Elvire
Les loups sont sortis de Paris...

Paroles: Albert Vidalie. Musique: Louis Bessières   1967 © Jacques Canetti autres interprètes: Juliette (2001), Les Croquants (2004)

2 commentaires:

  1. Complément d'information: http://www.rue89.com/2011/07/17/armee-et-nation-pourquoi-eva-joly-na-pas-dit-une-betise-214561

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  2. Complément d'information;
    http://www.independent.co.uk/news/world/europe/helmut-kohl-blames-merkel-for-ruining-his-europe-project-2315436.html

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