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mardi 21 juin 2011

Chokotoffs

Quand j'étais enfant, je me réfugiais souvent chez ma troisième grand-mère, celle d'adoption, qui habitait la même maison que nous. Je l'appelais "Néné". Elle avait toujours, dans une armoire, une boîte de chokotoffs, friandise créée en 1938. J'y puisais allègrement; elle ne me fixait guère de limites.

Dans mon enfance assez solitaire, elle était un peu ma compagne de jeu. Elle acceptait tout. Je lui faisais l'école et elle faisait les devoirs que je lui donnais. Elle était mon public quand je jouais à dire la messe avec les ornements sacerdotaux que ma mère m'avait faits. Néné poussait le sens du détail jusqu'à aller acheter des osties et du vin de messe. Moi, je m'y croyais et, comme je faisais ça aussi bien que le curé de la paroisse, elle se sentait dispensée d'aller à l'église.

Qu'est-ce qu'un (une?) "chokotoff"? Il s'agit d'une "chique" (un bonbon, une boule,  comme on dit à Bruxelles) au chocolat avec deux textures de chocolat superposées, dont une colle sur les dents comme le caramel. Comme j'ai toujours adoré le chocolat, je pouvais m'en régaler sans jamais avoir le sentiment qu'il fallait, à un moment donné, en finir.






La marque "Côte d'or" et son éléphant étaient un emblème de la Belgique et du chocolat belge.

Aujourd'hui, plus rien n'est belge. Des financiers rapaces ont mis la main sur tous les fleurons de nos productions locales gageant qu'il y avait là l'occasion de s'enrichir un peu plus.

Tant qu'il se contentent de racheter nos entreprises et y maintiennent l'emploi, il n'y a rien à redire. Il m'importe peu de savoir, quand je bois une Jupiler brassée à Jupille, si le patron est brésilien plutôt que belge. Où je ne suis plus d'accord, c'est quand la multinationale, qui n'a d'autre objectif que d'être toujours plus grosse, et plus rentable, rachète nos entreprises pour délocaliser ensuite la production.

Dorénavant, les chokotoffs ne seront plus fabriquées en Belgique (à Hal, chez les flamands), mais en Lituanie. Une centaine d'emplois en Belgique sont concernés par cette décision de la multinationale américaine KRAFT.

Comme amateur, je puis dire qu'une chokotoff produite en Lituanie n'aura jamais le même goût qu'une chokotoff fabriquée en Belgique, là où elle a été inventée. Elle aura même un goût amer, même si on nous garantit que la recette sera la même avec le même chocolat qu'ici.

Et si les consommateurs belges voulaient être un tant soit peu avertis, ils n'hésiteraient pas à boycotter à l'avenir les chokotoffs fabriqué(e)s en ces contrées. Cela serait un vrai geste citoyen.

Puisque les Etats de l'Union européenne ne peuvent plus adopter de mesures protectionnistes, contraints qu'ils sont au modèle de libre circulation, n'appartient-il pas aux citoyens de résister?

Par leur comportement de consommateurs, au quotidien, les citoyens peuvent donner un sacré coup de pied dans l'organisation des marchés, telle que certains veulent l'imposer.

Le marché de la chokotoff pourrait ainsi devenir un symbole de la résistance.

Je rêve encore ...

2 commentaires:

  1. Ma libraire, qui lit aussi parfois mon blog, m'indique, à juste titre que la chokotoff relève plutôt de la catégorie des caramels ("toffee" en anglais). Un caramel dur en l'espèce au chocolat. La pertinence de sa remarque me conduit à apporter cette précision.

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  2. Modeste avis : un chokotoff, pas une.

    Et pas en Pologne, mais en Lituanie... De là à ce que le monde s'écroule, restons calmes et attendons les premiers paquets lituaniens.

    Quant à la Jupiler brassée à Jupille, il faut ne guère l'aimer pour ignorer qu'elle est brassée à Louvain depuis une vingtaine d'années.

    L'amertume du chocolat ou de la bière que nous avons inventés et perdus est toute affective, psychologique : au goût, vous vous y tromperez, cher blogueur.

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