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mardi 12 avril 2011

Ce matin, j'ai bouillonné sans oser rien dire

J'étais assis pour mon café matinal et mon petit déjeuner à la terrasse du café Randaxhe, comme tous les matins.

Or, cela fait trois jours que deux messieurs, qui ne font pas partie des habitués, se trouvent assis à côté de moi. Je sais, ils ne faut pas juger sur la mine. Ils sont costauds, épais et lourds, sans finesse, dans leur costume cravate. Apparemment, ils sont "dans les affaires". Impossible d'imaginer un seul instant qu'ils puissent être gay!

Leur conversation, lundi, portait sur le championnat de foot et sur les femmes, notamment celles qui passaient. "T'as vu, celle-là, quel beau ... ". Certaines femmes aiment peut-être ce genre d'hommes. Moi, je les trouvais vulgaires et même répugnants (je sais, ce n'est pas bien de dire ça, mais je l'ai pensé).

Ce mardi, rebelote, les deux compères se trouvent assis de nouveau à mes côtés. Leur conversation avait changé de registre: ils en avaient, cette fois, à tous ceux qui avaient une tête de maghrébin. Florilège de leurs propos: "Regarde celui-là, il traîne, il doit être sur le C.P.A.S. Il va repasser pour mendier une clope ... Et nous, on paie pour ces gens-là. Dans le temps, il fallait se battre pour ouvrir un commerce. Aujourd'hui, il n'y a plus que des pitas et du couscous, dans le quartier. Ils ouvrent des commerces et les magasins belges ferment leur porte. Ces gens-là n'ont rien à faire ici. Tu verras quand le MR foutra la raclée au P.S.! C'est la faute au P.S., tout ça, ils leur donnent même les trois mois de caution pour se loger! Regarde, encore un". Cette conversation me glaçait.

Ces deux messieurs, qui faisaient preuve d'une incommensurable bêtise et alignaient les pires clichés de comptoir, étaient donc des indépendants, électeurs du M.R. Mon sang s'est glacé à nouveau.

J'étais outré et pourtant je n'ai rien dit.

Un peu plus tard, je suis entré dans la cathédrale Saint-Paul, espérant trouver un peu de silence et de recueillement. Deux messieurs et deux dames, dûment badgés (ils font partie d'un groupe de pensionnés bénévoles destinés à assurer l'accueil), conversaient à haute voix et s'esclaffaient autant que possible. La musique qui est diffusée en permanence n'était même plus audible. Cela me dérangeait. Eux, ne se rendaient même pas compte de leur méconduite. Il s'agit bien entendu de braves gens, de bonne volonté, mais pas très fins. Leur badge, à leurs yeux, leur donne peut-être, en ce lieu, des droits que les autres n'ont pas ou n'osent pas s'octroyer, par respect.

Une fois encore, je n'ai rien dit. Je n'ai pas osé.

Il est bien difficile de cohabiter avec ses semblables et de les considérer quoiqu'il arrive avec bienveillance.

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