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mercredi 9 mars 2011

Conversation entre quatre maghrébins

Ce n'est pas parce que je suis toujours avec un journal ou un livre à la main que je n'écoute pas ce qui se dit autour de moi, quand je suis en terrasse. Bien au contraire.

Ce matin, dans l'attente de ma séance de PUVA, je buvais un jus d'oranges pressées (comme au Maroc), attablé à une terrasse de la place (de la) Cathédrale.

Quatre jeunes hommes, qui manifestement n'étaient pas d'ici, ne parlaient pas flamand, mais français, et discutaient. De toute évidence, l'un d'entre eux, avec son énorme sac de bagages, venait d'arriver. En quel pays de délices?

Ils n'étaient pas du tout d'accord entre eux, seul le dernier arrivé avec son bagage ne disait rien. Il écoutait. Il était beau. Peut-être est-ce pour cela que j'ai écouté leur conversation?

Un des trois autres était tunisien. Il parlait plus que les autres. Il était fier d'être musulman. Il disait que la religion musulmane est la plus belle. Il disait aussi qu'il était ouvert aux autres croyances. Il retenait de l'Islam les valeurs essentielles: l'amour, la paix, le respect, la famille, ne pas voler, ne pas mentir, faire l'aumône. Il disait: je suis né dans l'islam et j'en retiens ce qui est bon.

Un autre ne cessait d'évoquer l'histoire: les croisades, les musulmans qui avaient colonisé l'Espagne, la Sicile, la France. J'aurais voulu intervenir (les croisades n'ont pas eu lieu au 17ème siècle après Jésus-Christ!). Il ne prônait pas la violence, mais il était dans une logique de groupes, de clans, qui s'affrontent. Cette division, bien présente dans le Coran, était en lui.

Le troisième (d'où venait-il?) était franchement irrité par ces considérations fondées sur la religion, mais il voulait bien parler de politique. Il n'a cessé de dire qu'il haïssait l'islam, que la religion était en très grande partie la cause du retard pris par son pays en termes d'alphabétisation, d'éducation, de développement, d'égalité, de droits de l'homme. Il ne voulait plus qu'on parle de religion!

Ils ne se sont pas disputés. Voilà l'essentiel.

Ceci n'est pas une fable, mais le compte-rendu de ce que j'ai réellement entendu ce matin.

J'aurais aimé savoir ce que pensait celui qui n'a rien dit et qui était là avec son bagage. Plusieurs destinations ont été évoquées: Borgerhout (dans la périphérie d'Anvers), Rotterdam ou Liège.

Je ne saurai jamais où il sera accueilli.

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