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vendredi 11 février 2011

Pastiches

Un pastiche (de l'italien pasticcio) est une imitation d'un auteur ou d'un artiste, qui ne vise ni le plagiat, ni la parodie, ni la caricature. Il s'agit bien d'une oeuvre de création mais "à la manière de". "La parodie se fonde sur le sujet et exagère les opinions, le pastiche pénètre dans la façon d'écrire et la prolonge. Le pastiche est la forme la plus aboutie de la critique (après la création elle-même), la parodie la forme la plus sympathique de la moquerie" (Ch. Dantzig, Dictionnaire égoïste de la langue française, Grasset, 2005, 642). On ne peut pasticher qu'un auteur qui a du style, explique Ch. Dantzig; on ne peut que parodier les autres. Et ceci, "la parodie est une activité de vieil écrivain paresseux, le pastiche une exaltation du jeune écrivain lettré" (op. cit., 644). Claude Gagnière, quant à lui, dit ceci: "parodie et pastiche ne provoquent pas ... les mêmes réactions parce qu'ils ne visent pas le même public. La parodie provoque un torrent de rires; le pastiche, lui, n'est qu'une source, mais de jubilation!" (Cl. Gagnière, Pour tout l'or des mots, coll. Bouqins, Robert Laffont, 1996).

Patrick Rambaud, qui n'est plus un jeune écrivain par l'âge, mais bien par l'exaltation, offre annuellement au lecteur une chronique du règne de Nicolas Ier (Sarkozy) dans le style de Saint-Simon et avec le vocabulaire de l'ancien régime. C'est brillant, jouissif et souvent cruel: un vrai pastiche très réussi.











... à suivre.





Le pastiche peut se pratiquer aussi en musique.

Dans les années 60, un certain nombre de jazzmen ont revisité, avec des bonheurs divers, quelques grands classiques (Bach, Mozart, Vivaldi, Teleman ...). Je pense ici, par exemple, au Modern Jazz Quartet, à Jacques Loussier, les plus originaux étant sans conteste les Swingle singers de la première génération, vu qu'ils chantaient ce qui avait été écrit à l'origine pour des instruments. L'esprit de leurs inspirateurs était respecté, mais on ne peut parler à leur propos de pastiche: ils s'approprient une oeuvre et l'arrangent autrement.

Il est plus rare de rencontrer la démarche inverse: un thème actuel traité à la manière d'un compositeur du passé. J'ai découvert, grâce au Nouvel Observateur, un vrai pastiche musical: 



All you need - Livre de clavecin
Anders DANMAN
(King, import japonais)


Il s'agit en effet d'un brillant travail d'écriture. Les grandes chansons des Beatles sont ici recomposées à la manière de Couperin et de Rameau. Le résultat est convaincant et même plus que cela.

Je n'ai jamais été un grand fan des Beatles. J'aurais peut-être dû, vu ma génération. Il m'a toujours semblé que leur musique était riche sur le plan mélodique, mais un peu pauvre quant aux arrangements. Je les ai découverts plus tard quand ils ont été arrangés par d'autres. Le matériau premier prenait alors des ailes. La confrontation avec des compositeurs anciens, telle que présentée ici, m'a convaincu qu'il s'agissait de musiciens d'exception.

Reste la question: quelle est la part de chacun dans l'oeuvre proposée au final? 

Qu'en est-il des droits d'auteur, par exemple, dans ce cas précis?



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