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lundi 20 décembre 2010

Des hommes et des dieux

Comme toujours, je n'ai pas vu ce film au moment où tout le monde s'est précipité pour le voir. Je préfère, en règle générale, voir les films après les autres. Tout ce que les autres ont pu en dire ne m'empêche pas de me faire une opinion. En toute chose, j'aime prendre du recul. Là maintenant, je l'ai vu, ce film.








C'est un film qui me touche à plusieurs niveaux, ce qui est plutôt une qualité pour un film.

Tout d'abord, il propose une vision très juste de la vie monastique. Des hommes ordinaires se vouent au sublime. Ils restent pourtant des hommes, avec leurs expériences propres, leur passé, leurs doutes, leurs peurs, leurs faiblesses, malgré leur idéal. Ce qui structure ces hommes, c'est la prière personnelle, la liturgie, la vie communautaire, la fréquentation des textes saints (ou plus largement de sagesse) et l'ouverture aux hommes. N'est-ce pas un beau programme de vie, l'un des plus beaux peut-être?

Le film révèle de très beaux moments de vie communautaire. Je retiendrai particulièrement celui où le frère le plus âgé, Amédée, masse les épaules d'un frère plus jeune, pour l'apaiser, après une attaque violente. J'ai repensé alors à un autre film Le grand silence, consacré aux chartreux, un film exceptionnel en silence tourné à la Grande Chartreuse près de Grenoble. On y découvre aussi pareils gestes d'attention entre frères.




Une deuxième chose me touche très profondément. Ces moines sont très bien intégrés dans le village de l'Atlas où ils se sont établis. Les gens simples savent reconnaître les gens de bien. Un ancien du village ne dit-il pas, aux frères Christian et Luc: "Les oiseaux, c'est nous; la branche, c'est vous". Il y a ceux que la religion réunit et ceux que la  religion oppose. Le frère Christian avait fait le pari de la réunion. Il se sentait porté quand, pendant l'office des vigiles, à 5 heures du matin, il entendait résonner le chant du muezzin. Il savait que, dans son village, d'autres hommes priaient à cette heure-là, musulmans ou chrétiens, peu importe dans le fond. Il connaissait aussi bien la Bible que le Coran. Avec ses moines, il pouvait prier aussi en écoutant le Coran. Il était tout donné à cet idéal de rapprochement. Oui, un idéal.

Chacun de ces frères - tous les acteurs sont excellents - véhicule un torrent d'humanité.

Il en est un pourtant qui surpasse tous les autres dans le film: Frère Luc. Est-ce dû à la personnalité de Michael Lonsdale, qui trouve sans doute là son plus beau rôle? Le vrai frère Luc était-il comme cela? J'aurais aimé le rencontrer.

Lambert Wilson, frère Christian dans le film, a hérité d'un rôle très difficile, plus difficile que celui de frère Luc. Un rôle comportant beaucoup de silences. Frère Christian n'est pas éloigné des hommes, mais, pour lui, ce n'est peut-être pas l'essentiel. Il brûle d'abord d'un rêve. Il pense et, quand il est confronté aux hommes, il a un peu de peine à se mettre tout à fait à leur niveau. Lambert Wilson rend cela très bien.

De certains films, on sait qu'on ne les regardera qu'une fois. Je sais déjà, quant à moi, que cela ne sera pas le cas de celui-ci.



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