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lundi 22 novembre 2010

Thomas Ier, pape

Les papes portent souvent de drôles de noms: Antère, Eusèbe, Gélase, Innocent, Landon, Honorius, Pie, Sixte, Urbain ... Les derniers papes portent des noms moins exotiques et ont fait preuve de peu d'imagination: Jean, Paul, Jean-Paul (I puis II), et maintenant Benoît.

Moi, qui ai une réelle admiration, pour Saint Benoît (Benoît de Nurcie), j'ai beau chercher, je ne parviens pas à trouver en quoi le pape, Joseph Ratzinger, Benoît XVI, se révèle bénédictin.

Je me suis mis, comme d'autres sans doute, à rêver d'un autre pape, du prochain pape, du dernier pape, car, après, il n'y aurait plus besoin de pape. Voici mon rêve.

D'abord, j'aimerais que le prochain pape choisisse de s'appeler, pour la première fois, Thomas. L'apôtre du doute, le "didyme", le jumeau, celui qui est double, c'est-à-dire lui et son contraire, deux faces pour un seul, comme nous bien souvent.

Il choisira ce nom pour ne pas occulter le doute qui l'envahit parfois, son besoin de choses tangibles pour être convaincu. Il le dira surtout, pour rassurer, tous ceux qui sont dans la même situation que lui.

Thomas Ier, n'aura pas commencé sa vie à 18 ou à 20 ans dans un petit ou un grand séminaire. Il ne sera pas issu de la Curie romaine.

Il aura plus sillonné le monde que les bibliothèques et les dicastères.

Il aura partagé la vie des hommes, tous, pour bien faire, mais surtout ceux que quelque chose enferme ou limite, ceux qui ont perdu goût à la vie ou ne savent plus ce que c'est la vie, ou qui rament avec la vie, pour s'en imprégner et pouvoir comprendre, pour pouvoir ressentir comme eux et avec eux. Le berger des hommes doit connaître ses brebis, une à une, surtout celles qui sont à la marge du troupeau ou qui ont quitté le troupeau.

Il aura nourri sa foi au contact des autres traditions religieuses du monde, qui se rejoignent tellement. Il sera humble à leur égard. Il s'y trouve parfois autant de perles précieuses que dans la sienne.

Il aura été, au moins une fois dans sa vie, amoureux d'un homme ou d'une femme, de cet amour qui dans la relation entre deux êtres donne des ailes. Il sera bon aussi qu'il ait vécu des relations sexuelles épanouissantes. Il pourra même avoir des enfants, mais qui ne seraient pas des bâtards, comme à l'époque des Borgia. Qu'il trouve son équilibre dans une relation privilégiée, affectueuse et tendre, avec une femme ou un homme, ne me choquerait en rien.

Le jour de son élection:
- il imposera aux cardinaux, au camerlingue, aux évêques, aux servants de laisser là leur soutane, leurs dentelles, leurs barettes, leur surplis, leur chasuble ... Il se présentera lui-même, non pas au balcon de Saint-Pierre, mais au-dessus des marches, vêtu d'une simple coule blanche;
- il demandera qu'on l'appelle Thomas; il n'acceptera pas qu'on parle de lui comme "Sa Sainteté", tous les monsignori seront priés d'en faire de même à tous les niveaux du plus élevé au plus subalterne, chacun quant à son titre.

Ce jour-là, il dira des mots qui pourraient être ceux-ci:

"Aujourd'hui, je suis appelé à être auprès de vous. Je ne serai pas celui qui sait, mais celui qui accompagne. Je ne serai pas celui qui enseigne, mais celui qui dialogue. Je ne serai jamais un père, encore moins un Saint-Père. Je veux être pour vous tous un frère.


Une seule chose nous réunit: notre humanité. Ni la race, ni la religion, ni le pouvoir, ni l'argent, ni le statut social ne parviendront à détruire cette humanité, qui est notre bien commun.


Au fond de chacun de nous, au plus profond de nous, une source existe. Nous en faisons tous l'expérience à certains moments de notre vie, je dis bien tous, car ce n'est ni une question de foi, ni de croyance. Elle nous interpelle particulièrement dans nos émotions et nos détresses. Parfois aussi au coeur de joies intenses.


Moi, Thomas, je vous invite à chercher inlassablement cette source qui n'est pas tout à fait du monde, mais se cache aussi dans le monde.


Il n'y a pas un seul chemin. Chacun est appelé à vivre son chemin. Pour puiser à la source, les "voies de Dieu sont impénétrables". Le chemin ne compte pas. Seul le désir compte.


D'autres avant nous en ont fait l'expérience, trouvons en eux une inspiration. Les religions, toutes, dans leur bon côté, quand elles sont débarrassées de leurs scories,  nous invitent au même chemin.


Moi Thomas, que le destin projette là où je ne cherchais pas à me trouver, je veux vous partager ce qui, pour moi, est le fondement de ma foi d'homme, disciple de Jésus: toute parole, tout acte, toute démarche, toute initiative qui rend l'homme vivant et libre est digne de foi. Toute parole, tout acte, toute démarche, toute initiative qui lie l'homme et tue la vie en lui n'est pas digne de foi.

P.S. A mes amies féministes, j'aurais pu rêver mon pape en papesse, bien entendu, mais j'aurais dû l'appeler "Thomate Ière". Je me suis donc abstenu.

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