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lundi 18 octobre 2010

Bloc contre bloc

La lecture des quotidiens de ce matin m'a interpelé, sur des sujets fort divers, tous réunis cependant par un même dénominateur commun: ils expriment une situation de refus et/ou de blocage.

Premier exemple.

La Belgique, Etat artificiel, doit sa création, sa longévité, sa raison d'être, à des compromis. La nécessité à tout moment de concilier et faire cohabiter les différences, voire les contraires. Cela représente, de mon point de vue, un fort beau projet. Car il n'est pas seulement politique; il est symbolique. Les tensions, les périodes critiques ne peuvent pas être absentes d'un tel projet, c'est sûr. J'espère que la Belgique continuera à être ce symbole du vivre ensemble. Pourtant, un nouvel épisode d'un désaccord profond entre le Nord et le Sud nous est donné, ce jour ...

En écho de cette réflexion:
- les propos de la chancelière allemande, Angela Merkel constatant l'échec du multiculturalisme en Allemagne;
http://www.france24.com/fr/20101018-angela-merkel-multiculturalisme-mort-allemagne-revue-presse-populisme-politique
- les propos du grand mufti du Liban déclarant que la présence chrétienne au Liban est indispensable à l'Islam (et inversement);
http://www.zenit.org/article-25727?l=french
- l'opposition des orthodoxes à la création d'une nouvelle mosquée à Moscou.
http://www.lepoint.fr/monde/cette-mosquee-qui-embarrasse-moscou-29-09-2010-1242873_24.php
http://www.pointdebasculecanada.ca/breve/1256-russie--orthodoxes-au-roi-darabie-si-vous-voulez-une-mosquee-moscou-nous-voulons-une-eglise-riyad.php

Etrange paradoxe: on nous parle sans cesse de mondialisation, de libre circulation des personnes, des biens, des idées, de planète Internet, et on n'a jamais assisté autant qu'aujourd'hui à diverses formes de repli identitaire. S'agit-il simplement d'un équilibre à trouver ou d'un vice, d'un biais, dans le processus?

Le compromis - c'est-à-dire l'aptitude à exister avec le différent - deviendrait-il un modèle dépassé? Combien de temps la situation sera-t-elle bloquée?

Deuxième exemple.

En France, dont le gouvernement n'est pas, comme en Belgique, "en affaires courantes" - quoique - le débat fait rage à propos de la réforme des retraites.

Alors que la France est un pays où le taux d'affiliation à un syndicat est un des plus faibles, on constate un large mouvement populaire, et des jeunes, prêts à se mobiliser contre cette réforme.

On voit bien ici l'opposition entre le discours comptable des politiques et les aspirations de la population.

Les arguments donnés par le pouvoir ne convainquent plus:
- le "travailler plus pour gagner plus" n'aura été qu'un slogan de campagne pour le président Sarkozy. Qu'en est-il dans les faits?
- le "travailler plus longtemps" angoisse et les jeunes et les actifs. Les jeunes, étant déjà confrontés à la difficulté de trouver un emploi, seront mis demain en concurrence avec des plus âgés, plus expérimentés, mais parfois dépassés. Les plus âgés, parce qu'ils savent que, dans certaines fonctions, cela peut coûter moins cher pour l'employeur d'engager un jeune (surtout s'il bénéficie d'aides à l'embauche). Or, le volume de l'emploi n'est pas extensible à merci.  Et  puis ils aimeraient, peut-être et surtout, les vieux, un aménagement de leur fin de carrière. Ce n'est pas le travail qu'ils refusent, ils réclament une spécificité dans le travail en fonction de l'âge. Le pouvoir oppose ainsi, d'une certaine manière, les jeunes aux vieux et aux futurs vieux. Et il voudrait que tout cela soit accepté dans le calme?

Contrairement à d'autres, je trouve plutôt sain que les jeunes s'inquiètent et se mobilisent. Qu'ils utilisent des moyens propres à leur âge, je veux dire par là "un peu trop fougueux", ne m'attriste pas. Le gouvernement du président français n'a guère privilégié le dialogue avec les syndicats. Quant aux jeunes, qui seront les principaux concernés demain ... rien. Il y aura toujours malheureusement des casseurs pour permettre au pouvoir de dénoncer des débordements inacceptables. Ne me dites surtout pas qu'il sont payés par le pouvoir à cette fin! Enfin, j'espère que non.

Faute de concertation, la France va connaître, ces prochains jours, une période de blocages désastreux ...

C'est un fait, la France aime descendre dans la rue et les lycéens ne sont pas les derniers. En Belgique, tout le monde a l'air de se foutre de ce qu'il se passe. Indifférence, fatalisme ou sagesse?

Troisième exemple.

Les cabinets des avocats d'affaires ne désemplissent pas en France. En cause: la possible abrogation du bouclier fiscal, dont on n'est pas sûr qu'elle s'accompagnera d'une abrogation de l'impôt sur la fortune. Les riches de France n'ont plus confiance dans leur président. Plus que jamais, ils pensent à la délocalisation en Suisse ... ou en Belgique. Et dire que des wallons veulent à tout prix devenir français!

http://www.lefigaro.fr/impots/2010/10/17/05003-20101017ARTFIG00246-france-de-plus-en-plus-de-candidats-a-l-exil-fiscal.php

Je ne dirai rien ici du rôle que les cabinets d'avocats jouent en la matière, mais je n'en pense pas moins.

Cet opportunisme des riches ne serait rien si leurs choix étaient profitables à d'autres qu'eux.

A eux, on propose des "paradis fiscaux", que propose-t-on aux autres?

Ne vous étonnez pas si, un jour, tout cela aboutit à un blocage persistant, le pire qui soit ... deux blocs, deux mondes. Les révolutions sont nées sur cette base ...

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