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samedi 11 septembre 2010

Le plaisir des mots à la liégeoise V

Il a suffi d'une conversation pour que l'envie me reprenne de continuer mon petit lexique.

Badjawe: peut se traduire par "commère" ou "quelqu'un qui a la langue bien pendue". En règle, l'expression s'applique plus aux femmes qu'aux hommes, quoique certains hommes ne déméritent pas. J'en connais. Une célèbre actrice liégeoise, Henriette Brenu, morte en 1990, avait créé le personnage désopilant de "Titine Badjawe", une commère bavarde au grand coeur.

Crompîre: pomme de terre (on dit aussi, à Charleroi, des "canadas" et, chez les flamands, des "bintjes"). Rien à voir avec les grenailles, les rates, et surtout les "cwènes di gate" (cornes de chèvre), cultivées à Florenville,  qui  sont des pommes de terre de premier choix. Je me rappelle que, dans mon enfance, un commerçant ambulant déambulait (ce qui est le moins pour un marchand ambulant) en criant: "Les bonnes pommes de terre de Florenville ...". Rien à voir évidemment avec les Nicolas et les Charlottes vendues aujourd'hui en grande surface. Avec une bonne"crompîre", on doit pouvoir faire de  bonnes frites.

Estèné: selon ma mémoire, mais il faudrait la confirmer, ce terme désigne quelqu'un d'un peu demeuré, un échalas un peu bénêt.

Ewaré: peut se traduire par "étonné" ou "ahuri". Depuis des siècles, on vénère dans l'église romane de Saint Gilles (sur les dessus de Liège), "Saint Gilles l'èwaré". On le prie pour les maladies des yeux. La statue, datant de 1340, a été peinte et repeinte, plus ou moins maladroitement, à de nombreuses reprises.  le pauvre Gilles s'est vu ainsi, au fil du temps, représenté avec des yeux hagards anormalement grands et, qui plus est, avec un certain strabisme. Le pauvre! Une récente restauration lui aurait rendu des yeux normaux. Du coup, plus personne ne voit l'intérêt d'aller le prier. L'église liégeoise de Saint Gilles est exceptionnelle à plus d'un titre. Il s'agit d'un bel exemple d'une église monastique romane. Elle présente la particularité d'un choeur central avec deux nefs, celle des moines et celle du peuple.




Pas loin de là, vous pouvez aussi prendre un petit déjeuner québecquois au Québec Café, tenu par les deux Bernadettes.
http://www.quebeccafe.be/





Marêye-clap-sabot: une Marie qui, avec ses sabots sur les pavés, empêchait tout le monde de dormir dans le quartier et devait avoir une vie légère, sinon dissolue. Les étudiants lui ont dédié une chanson un peu grivoise, dont je ne puis reproduire les termes ici, par souci de convenance, mais que vous pouvez trouver à l'adresse suivante:
http://www.bitu.org/?x=150&chant=294


Mesbrudgî: mot intraduisible qui évoque avec compassion quelqu'un que la vie n'a pas épargné et qui se retrouve, physiquement et/ou mentalement, anéanti, estropié, caduc.


Morticot: quand j'étais petit, ce mot me faisait peur! On désigne par là un singe ou un babouin. Je ne suis toujours pas rassuré à ce jour.

Va-s-al' djote: expression populaire signifiant "va te faire voir" ou "va voir ailleurs si j'y suis" ou encore "va au diable". La "djote" désignant le chou, j'aimerais être informé sur l'association du diable au chou.

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