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lundi 9 août 2010

Vrais débats et mauvaises réponses

Deux réflexions aujourd'hui pour prolonger ce que j'ai pu écrire ces jours derniers.

Tout commence avec la lecture, dans La Libre Belgique de ce jour, d'un article de C. Demelenne, intitulé "Les antisarkosystes dérapent".


http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/601257/insecurite-les-antisarkozystes-derapent.html

Je l'avoue, je suis un "antisarkoyste", par les tripes et par conviction. Les "antisarkozystes" accusés de dérapage, par le journaliste, sont, d'une part, les voix politiques de gauche, qui n'en ratent pas une pour s'opposer, vu qu'ils sont dans l'opposition, d'autre part, les intellectuels de gauche, qui pratiqueraient l'angélisme et méconnaîtraient la réalité, quand ils invoquent certaines valeurs de la République.

Je ne suis ni un politique, ni un intellectuel. J'essaye simplement de réfléchir.

Il y a un problème d'insécurité, réel; une escalade même. Même à gauche, on en convient. Le débat est donc légitime.

Les "sarkozystes" et les "antisarkosystes" se différencient sur deux plans: les causes de l'insécurité et les moyens à mettre en oeuvre.


En simplifiant un peu, le "sarkozyste" ne s'interroge pas trop sur les causes; le "sarkozyste" n'est pas un homme de réflexion. La seule chose qui importe pour lui c'est l'action; et même la manière forte, si besoin, et même de préférence, parce qu'elle se voit et qu'on en parle. Le "sarkozyste" parle beaucoup de qu'il va faire et se limite à faire quelques actions d'éclat. Il est un homme qui gère le court terme, selon le principe "Action-Réaction" (le subtil François Berléand, se rattache en permanence à ce principe, dans le film Les Choristes, veule directeur d'une institution d'éducation pour enfants difficiles, plus prompt à chercher les honneurs et la fréquentation des notables du coin qu'à s'intéresser à ceux qui devraient être ses protégés).

L' "antisarkozyste", lui, pense qu'on ne peut pas comprendre le fait, sans s'interroger sur ses causes et que seule la connaissance des causes est capable d'indiquer les réactions à adopter.

Le "sarkozyste" a une vision très réductrice des causes: il y a des populations "à risque" et d'autres pas. Les populations "à risque" sont généralement "d'origine étrangère". Il y a des statistiques qui d'ailleurs le confirment. Compte tenu des statistiques, il faut donc se montrer ferme, et sans pitié, avec les personnes d'origine étrangère.

L' "antisarkozyste", lui, est conscient de choses bien plus fondamentales:
- laissons de côté, la grande criminalité, mafieuse ou en col blanc: celle-ci est étrangement moins visée par la politique sécuritaire du président Sarkozy que la "petite délinquance", les "incivilités" qui deviennent de plus en plus violentes, il est vrai;
- la pauvreté et l'exclusion sont, en réalité, les causes principales de la délinquance visées par le président. Cela n'a rien à voir avec l'origine étrangère. A Glasgow, dont je parlais récemment, les quartiers pauvres ont vu l'apparition de gangs, qui n'existaient pas, quand les pères pouvaient travailler et leurs fils espérer le faire et, dans ces gangs, on y trouve de purs écossais "né-natifs". Qui  a fait le plus preuve d'incivilité? Le patron, lady Tatcher ou les pauvres hères ...  ;
- le sentiment réel, fondé ou non, d'être injustement traité n'a, convenons-en, pas beaucoup de moyens pour s'exprimer;
- des jeunes (beaucoup plus qu'on ne croit) ne reconnaissent plus l'autorité: mais comment admettre l'autorité d'un père qui n'a plus de travail? comment ces jeunes peuvent-ils reconnaître une quelconque autorité à un politique qui ne s'intéresse à eux que pour les punir et vit, quant à lui, dans l'opulence avec un top model? Comment s'étonner qu'en chaque flic ils voient Sarko? Sarko le veut, il aime jouer au superflic. Or, le respect ne s'impose pas, il se mérite;
- il y a bien une violence subie à l'origine (celle d'être exclu); or, la violence n'a jamais engendré que la violence. Le président est donc très mal inspiré en répondant par la violence ou la force. On ne peut attendre d'une telle politique qu'une escalade.

Voilà ce qui distingue le "sarkozyste" de l' "antisarkozyste".


Ceci m'amène à ma deuxième réflexion.


J'ai cité, il y a peu, les propos d'un riche de Glasgow: "Les gens qui ont beaucoup d'argent n'aiment pas du tout qu'on leur dise ce qu'ils doivent en faire. Les taxer davantage serait une erreur. Je pense que les entrepreneurs, les gens qui ont du succès et qui ont beaucoup d'argent, comme moi, doivent être convaincus. Oui, on doit les convaincre de donner davantage à la charité, aux bonnes oeuvres".


On est en droit de se demander pourquoi les gens qui ont beaucoup d'argent devraient être convaincus et les autres pas. Moi, je paie des impôts sans être convaincu, d'ailleurs on ne me demande pas vraiment mon avis (je le donne seulement en votant, une fois de temps en temps, pour des candidats qui me paraissent défendre des idées que je partage). Je suggère dès lors, par souci d'égalité, qu'on ne leur demande pas leur avis non plus.

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