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vendredi 6 août 2010

Les chroniques de San Francisco

J'avais dit à ma libraire (merci Facebook): "J'ai lu trop de livres sérieux, ces temps-ci, faites-moi une petite sélection d'oeuvres plus légères, et qui me correspondent, pour le reste des vacances".

Je n'ai pas été déçu, je suis revenu avec une dizaine de livres.


Le dernier volume (le 7ème) des Chroniques de San Francisco ne figuraient pas dans sa sélection, c'est moi qui l'ai ajouté. Comme j'avais lu tous les précédents, je ne pouvais pas ne pas lire le dernier épisode.

Armistead Maupin, Michael Tolliver est vivant, Editions de l'Olivier, 2008.




Tout commence, dans les années 1970, une communauté de vie, une logeuse haute en couleurs, des habitants tous attachants, aux identités sexuelles plus ou moins définies, dans le contexte de libération caractéristique de l'époque, sexuelle et des idées.

Il faut être prêt à tout en effet: la trans MtF (male to female), le trans FtM (female to male), l'un et l'autre opéré ou pas, la lesbienne classique, l'homo masculin classique, l'homo masculin qui est fasciné par le FtM et l'homo masculin qui est fasciné par le MtF  ... Les heteros n'y tiennent pas la meilleure place. Ceci n'est toutefois que l'anecdote, car il est beaucoup question d'humanité et d'humour dans les Chroniques de San Francisco. 


Michael Tolliver me ressemble beaucoup, pas en tout, mais beaucoup.

Et, c'est avec délectation, que je lis ce dernier volume, où mon alter ego a maintenant mon âge ...

Soyons clair, il a un énorme avantage par rapport à moi: il vit, depuis quelque temps, en couple avec un partenaire de 30 ans, Ben ...

J'adore les quelques passages suivants.

Après avoir observé la patine des éléments en bois de sa maison, Michael (moi) dit: "Quand je suis en forme, j'essaye de considérer mon propre vieillissement sous un angle analogue. Il est rare que j'y parvienne. Indépendamment du charme que certains peuvent accorder au processus en question, je ne suis prêt ni à me décolorer, ni à me décomposer. Je sais qu'il faudra bien que je passe ce cap, car je préférerais éviter être dans la panique et la haine de moi le jour où je quitterai notre planète. Je préférerais partir en paix et dans la certitude d'avoir bien vécu ce que j'avais à vivre. Et j'aimerais que Ben soit présent, naturellement, et qu'il me berce des tendres promesses de circonstances lorsque je basculerai dans le néant".


Un peu plus loin, "...  une nuit, Ben et moi, étions en train de regarder "Six feet under", quand j'ai bondi du canapé pour changer la disposition des poteries sur l'étagère au-dessus de la commode Tansu abritant la télé. Ben m'a gentiment laissé intervertir le Fulper vert pâle avec le pot à thé cramoisi, puis leur opposer un grand vase Heintz en bronze.
- Ca te tracassait depuis un moment, pas vrai?
- Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il y avait, ai-je répondu, mais c'est mieux, tu ne penses pas?
- Oh, c'est certain.
....
On s'est installé pour suivre le DVD, la tête de Ben bien chaude contre mon torse, mais mon regard s'est lentement détaché de l'écran pour revenir vers l'étagère et les poteries à présent parfaitement placées. Allez savoir pourquoi Ben n'a même pas eu besoin de lever le nez pour deviner ce que je fabriquais.
- Arrête, a-t-il déclaré en me collant une tape sur le bide. Concentre-toi sur le feuilleton!".


Michael fait une rencontre dans un bar gay. Il aborde un des rares clients,  comme moi je n'ai jamais su le faire.

"- Je ne te dérange pas?
...

- C'est un peu mort ce soir, non?
- Oui, je pense. Je suis nouveau ici.
- Au bar ou en ville?
- Au bar. Et en ville aussi, plus ou moins. 
...
Je lui ai demandé si San Francisco lui réussissait.
- Ca va, m'a-t-il répondu en haussant les épaules.
- Mais?
- Je sais pas. Soit les mecs sont totalement mariés, soit ils surfent sur internet pour se choisir comme on se commande une pizza. Ou les deux. Je préférerais avoir plus d'options.
- Par exemple?
- Tu sais, juste traîner et bavarder ... et à partir de là, voir venir. Moi, je suis pour la baise entre potes, je pense. Pas obligé qu'il y ait du sentiment ni quoi que ce soit, mais j'aime une forme de ... tu piges?
- D'intimité, ai-je déclaré, en prononçant le mot redouté.
Il a alors fixé sur moi des yeux gris qui n'étaient pas sans rappeler des prunelles de loup.
- Oui."




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