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mardi 3 août 2010

Le plaisir des mots à la liégeoise (II)

Voici, pour le plaisir, une deuxième fournée de mots et expressions liégeoises. Ma mémoire ne pourra pas suffire, donc je  fais appel aussi à la mémoire des autres.

Betchète: je traduirais ce mot comme "le petit bout d'un bout", soit ce qui est au bout du bout.

Boukète: la "boukète" est une crêpe consistante faite de farine de sarrazin, d'eau et d'un peu d'huile. Plat du pauvre, comme la galette bretonne, elle est améliorée parfois de raisins de Corinthe et d'un soupçon de rhum. On la parsème pour la manger de sucre perlé ou de cassonnade (sucre roux).

Cramignon: le cramignon liégeois est une farandole. Précédés d'une fanfare qui joue des airs typiques de cramignon "Prindez vos baston, Simon!" ou "On dimègne quid'j kopève des fleurs divin nos prés", les passants peu à peu s'agglutinent et la farandole s'allonge. La tradition est maintenue, mais en perte de vitesse, à l'occasion des Fêtes de Wallonie, en septembre. Venez alors, dans mon quartier, et entrez dans le cramignon. Il faudrait, pour être exact, faire apparaître au dessus du "a" un petit rond. En wallon de Liège, le "a" surmonté d'un petit rond est un son intermédiaire entre le "a" et le "o". Comme quoi, on sait aussi se montrer subtil à Liège.


Foû-squwère: littéralement "hors équerre". Se dit de tout ce qui est bancal ou ne tient pas debout. En ce compris un passant qui passe.


Hoût-si-plou: "Ecoute s'il pleut". C'était la question que posait le meunier à son apprenti dans un moulin à eau. Dans le langage familier, Hoût-si-plou veut dire pour un liégeois le fin fond de nulle part. Aller à Hoût-si-plou, c'est entreprendre un voyage lointain dont on n'est jamais sûr de revenir. Pourtant, le village de Hoût-si-plou n'est pas bien loin, aux alentours d'Esneux. Pour prendre sa revanche, le village a créé une université folklorique.

Maclote: le mot, à ma connaissance, n'existe que dans l'expression "toumî di's maclote" (tomber de sa maclote). Il signifie "perdre connaissance" ou, plus élégamment, "tomber en pamoison". Confrontées à une mauvaise nouvelle, certaines personnes, généralement de la gent féminine, "tombent de leur maclote".

Makèye: elle peut être maigre, nature ou avec des morceaux de beurre dedans. La "makèye" ("maquée") est du fromage blanc. Dire de quelqu'un qu'il est blanc comme une "makèye" veut bien dire ce que cela veut dire. Pour ceux qui reviennent de vacances à Ibiza, c'est l'injure suprême!

Matoufèt: le "matoufèt" est une préparation culinaire à base d'oeufs, de farine et de lard, servi sur du pain d'épeautre. Roboratif!


Mattî l'ohè: l'os de Mathieu. Les fêtes du 15 août, en Outremeuse (mon quartier) se clôturent le 16, au soir, par l'enterrement d'un os de jambon, enfermé dans un petit cercueil, avec fanfare, pleureuses, faux ecclésiastiques, arborant en guise de couronnes funéraires du celéri ou des poireaux. Bien entendu, le cortège funèbre s'arrête dans tous les "estaminets" du coin pour y boire le "pékèt". Cette très ancienne tradition reprend vie et se développe même de plus en plus. Elle attire beaucoup d'étudiants et de gay ...

Rawette: littéralement, "le petit reste". Par exemple, la dernière cuillerée du plat de mousse au chocolat que la grand-mère réserve, en guise de "rawette", pour son petit-fils préféré. Peut se dire aussi du dernier enfant d'une famille nombreuse (la "rawette" est alors souvent l'enfant surnuméraire qu'on n'attendait pas vraiment, mais qui est là quand même, ce qui n'augure pas des jours faciles pour la "rawette", le "petit dernier").

Spratchi: ici encore, il faudrait écrire un petit rond au-dessus du "a". Ce mot est intraduisible en français. Il évoque l'action d'écraser une substance un peu molle, cette action émettant un bruit plus proche du "spratch" que du "paf". Convient particulièrement quand il s'agit d'écraser une "flatte de vache", c'est-à-dire une bouse de vache. Spratchi et flatte de vache témoignent d'un beau sens de l'observation des sons, comme tintinabuler ou coucouroucou paloma.

Stron d'poye: littéralement, "caca (fiente) de poule". Quelle peut être l'utilité de cette expression? Elle est culinaire et se rapporte à la "tartine au stron d'poye" ... rassurez-vous, il s'agit d'une tranche de bon pain de campagne tartinée de fromage blanc (ou mieux de fromage de Herve) et de sirop de Liège, délicat mélange de saveurs.

Vî gueuye: expression familière que l'on adresse à un ami. Par exemple: "Comment vas-tu, vi gueuye?". Si on veut être plus affectueux, on peut dire aussi "vî poyon" (littéralement, vieux poussin ou mon petit oiseau).

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