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dimanche 15 août 2010

La pluie, le pékèt et les brésiliens

Envers et contre tout, et malgré une pluie ne laissant aucun répit, la procession de la "Vierge noire" a eu lieu, dans mon quartier, et les groupes folkloriques ont défilé. Pour la procession et la messe en wallon, il y avait autant de monde, si pas plus, que d'habitude. Dans mon quartier au-delà de la Meuse (Outremeuse), les fêtes du 15 août sont un événement drainant, bon an mal an, 200.000 personnes du 13 (un vendredi, cette année!) au 16.

La tradition, le folklore, la religion, l'envie de la fête ne font qu'un. On y boit beaucoup, on y prie un tout petit peu quoique. Je suis passé par l'église paroissiale de mon quartier, l'église Saint-Nicolas, qui ne manque pas de grandeur et j'ai pu observer de nombreuses familles, avec des petits enfants, vraisemblablement d'origine italienne, venant fleurir abondamment la madonne. Le pauvre bon Dieu, en sa chapelle du Saint Sacrement, devait se sentir un peu seul, mais on sait qu'il se réjouit de peu et n'est pas envieux.

Cette année,  bien sûr, la pluie n'était pas du côté de ceux qui investissent beaucoup pour cet événement (bénévoles ou commerçants). Mais les courageux qui défilaient, leurs beaux costumes ou leur instrument de musique dégoulinants, méritaient bien l'assentiment d'un public aussi trempé qu'eux. "Tout cela est quand même fort populaire", m'a dit, un jour, un homme de Dieu, aujourd'hui marié.

A deux ou trois reprises, je me suis investi et j'ai servi bières et pékèts de 21h00 jusqu'à la fermeture ... principalement à une cohorte de jeunes gens que je trouvais fort sympathiques et qui avait l'air de me trouver sympathique aussi. Cette année, je n'aurai été que consommateur et observateur.

Lors des fêtes du 15 août, dans mon quartier, on boit, on boit beaucoup de pékèt. Le pékèt est un genièvre léger un peu aromatisé. Le genièvre est commun à un certain nombre de contrées: on boit du genièvre aux Pays-Bas, à Hasselt, à Sint Truiden (Saint Trond) et à Liège.  Les hutois et les namurois ont cherché à annexer cette boisson, qui est festive mais n'est pas vraiment la leur. On ne boit pas de genièvre à Bruxelles, ni à Tournai. Les nouvelles frontières de la Belgique devraient être définies, non en fonction de la langue, mais de l'usage de boire, ou non, du genièvre. Du pékèt, on en trouve aujourd'hui aromatisé de toutes les  façons: à la violette, à la noix de coco, au cuberdon! Les commerçants, comme toujours, ont exploité un filon et l'ont totalement dénaturé.

Je viens de parler de "cuberdon", le mot ne veut sans doute pas dire grand chose à un certain nombre de mes lecteurs. Le "cuberdon" est une friandise très sucrée (trop à mon goût) de forme cônique au coeur tendre et à la peau résistante juste ce qu'il faut. Elle a, à l'origine, un peu un goût de grenadine. Les commerçants, une fois de plus, étant passés par là, il y a aujourd'hui des cuberdons à tout et à n'importe quoi. Bien que le mot "cuberdon" ne signifie pas du tout cela, il peut parfaitement s'adapter à la description d'un amant, que l'on a rencontré ou que l'on aimerait rencontrer.

Trempé jusqu'aux os, le capuchon sur la tête, le jeans dégoûlinant, je me suis dit: cherchons un peu de soleil. J'ai ainsi trouvé une échoppe qui m'indiquait clairement que là je serai un peu au Brésil. J'y ai bu un cahipirinha et j'ai engagé la conversation. Ils étaient trois: une fille et deux garçons. Ils étaient vraiment brésiliens et, de plus, très sympathiques. Je leur ai parlé de mes deux fils. Ils ont un projet de bar/resto brésilien à cet endroit. Si leur projet prend corps, je serai parmi leurs premiers clients. J'ai proposé à mon fils B. de me rejoindre ce soir pour prendre un verre chez eux et manger quelque chose dans le coin: il m'a répondu qu'il n'avait pas envie de sortir parce qu'il pleuvait trop. Mon fils me désespère.

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