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samedi 21 août 2010

La misère sexuelle , la tour de Babel et le café Randaxhe

Ceux qui ne les fréquentent qu'occasionnellement ne peuvent pas mesurer tout ce que l'on apprend en terrasse. La mienne, on le sait, est celle du café Randaxhe dans mon quartier d'Outremeuse.

M. m'y rejoint l'autre jour. Le sujet de la conversation n'est pas très drôle: nous parlions de la misère sexuelle. De toutes les misères, c'est peut-être la moindre. Comme tout ce qui fait la vie m'intéresse,  j'étais plutôt heureux de notre échange.

Notre conversation dévie sur la tour de Babel. Il est en train de concevoir un spectacle autour du texte "La tour de Babel" de Fernando Arrabal (1978). Je n'ai pas lu le texte d'Arrabal, mais j'évoque quelques aspects du mythe: l'homme qui cherche à être l'égal de Dieu (ou à tout le moins à se situer à son niveau); les cohortes de bâtisseurs, plus ou moins consentants, enrôlés dans l'aventure par quelques-uns; l'écroulement de la tour, symbole de la fragilité des entreprises humaines; les hommes qui ne se comprennent plus après l'écroulement de la tour (ils ne parlent plus la même langue, dit la Bible). Je souligne aussi que la tour de Babel s'est effondrée sur elle-même, pas sous une intervention externe, ceci pour écarter tout rapprochement avec les tours du World Trade Center, un certain jour. M. me dit que le texte d'Arrabal ne parle pas exactement de cela, mais que je viens de lui faire penser à certaines choses ...

Nous rejoint un autre théâtreux, un ami de M., que je ne connaissais pas. Il n'est pas que théâtreux, il est aussi le père de huit enfants (!), tous de lui et de la même mère, me précise-t-il. Je me dis que lui, au moins, il ne connaît pas la misère sexuelle.

Notre conversation porte alors sur des sujets fort intéressants pour le juriste. Tout le monde, le sait, les metteurs en scène n'hésitent pas à triturer le texte qu'ils ont choisi: oubli des didascalies, répliques que l'on "sucre", actualisation, réécriture pour donner plus de rythme. La mise en scène aboutit même parfois à donner à l'oeuvre un tout autre sens que celui que l'auteur donnait à l'origine. S'agissant d'oeuvre anciennes (c'est souvent le cas à l'opéra), les problèmes juridiques sont moindres, quand on pratique de la sorte: il n'y a plus guère d'enjeu patrimonial (je veux dire financier), mais peut-être un devoir moral? Quant au metteur en scène "relecteur", il ne fait pas de doute que son apport mérite d'être protégé, comme l'est le travail du traducteur, par exemple.

Je n'ai pas réponse à toutes ces questions, mais elles ne me paraissent pas anodines. Et bien souvent, je suis le seul juriste que ces interlocuteurs rencontrent.

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