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dimanche 18 juillet 2010

L'esprit chevaleresque

Qu'avons-nous retenu des chevaliers? Qu'ils montaient de fougueux destriers. Qu'ils se vouaient à une dame. Qu'ils furent aussi "Croisés" pour défendre la Terre sainte (leur dame étant alors parfois soumise, pendant leur absence, à "la ceinture de chasteté"). Qu'ils ont été  à la fois hospitaliers, mais aussi instruments de puissance ou banquiers. Qu'ils ont parfois eu "une triste figure" et combattu des géants, qui se révélaient être leur miroir, ou des moulins à vent, comme le sont beaucoup de "moulins à paroles".

J'ai découvert récemment ceci: il n'y a pas qu'en Occident qu'aux Xème et XIème siècles un idéal chevaleresque a été pensé, défendu et vécu (même s'il a pu se perdre dans quelques perversions). On trouve, à la même époque, des textes dans l'Islam, dans la tradition indhouïste, au Japon (les samourais) et au Tibet, textes qui étrangement disent tous la même chose.

Il est étonnant de voir, à un même moment, à différents endroits du globe, dans des traditions, cultures ou religions différentes, formuler les mêmes exigences. La mondialisation n'est donc pas une réalité neuve; ce sont les valeurs qui la sous-tendent qui sont en cause.

J'aimerais citer ici deux textes remarquables, dont certains de nos politiques feraient bien de s'inspirer.

La Futawah est un traité de chevalerie soufie. On peut y lire ce qui suit: "Parmi les obligations de la Futawah figurent: la véracité, la loyauté, la générosité, l'excellence du comportement, la noblesse de l'âme, la douceur envers ses frères, la convivialité. Elles consistent à ne pas prêter l'oreille aux bassesses, à éprouver un penchant à faire le bien, à avoir un comportement noble envers ses voisins, à converser avec autrui avec finesse et douceur, à respecter sa parole, à traiter avec bienveillance ceux que Dieu a mis sous notre garde, famille ou serviteurs, à veiller sur l'éducation de ses enfants, à prendre exemple sur ceux qui sont plus avancés que nous, à rejeter loin de soi toute rancune, tromperie ou sentiment de haine, à travailler à l'aide de ses  frères par son rang et ses biens sans attendre de reconnaissance ou de compliments" (Futuwah - traité de chevalerie soufie, traduction et introduction par Faoouzi Skali, Albin Michel, Paris, 1989, p. 130-131).

Et celui-ci, qui est fait de mots de Kalou Rimpotché (rapportés par Jean-Yves Leloup, Dictionnaire amoureux de Jérusalem, Plon, 2010, p.165):
"Puissent mon corps, ma chair et mon sang,
tout ce dont je suis constitué
contribuer de la manière la plus appropriée
au bien de tout être sensible
(...)
Aussi longtemps que perdure ce monde
Puissé-je ne jamais avoir
Fût-ce un seul instant
De pensée malveillante envers autrui
Puissé-je toujours, avec énergie
Agir pour le bien de tous les êtres
Sans relâcher mes efforts devant la tristesse
La fatigue ou d'autres obstacles.
A ceux qui ont faim, qui ont soif,
Aux pauvres et aux indigents
Puissé-je naturellement prodiguer
L'abondance à laquelle ils aspirent
Puissé-je assumer le lourd fardeau
Des terribles souffrances de tous les êtres
et puissent-ils tous en être libérés".


Et Jean-Yves Leloup d'oser cette proposition: "Le chevalier qu'attend Jérusalem (c'est-à-dire notre monde) est-ce le Messie qui viendra d'en haut sur son cheval blanc (voir le livre de l'Apocalypse ou le Kalki des mythes indo-européens)? Ou l'homme lucide, mais non désespéré, qui ose un acte simple, minime sans doute,  contre une détresse concrète, infime ou immense, sans souci, non pas des conséquences, mais de la réussite à ses propres yeux ou aux yeux du monde de cet acte; le chevalier sans armes et sans bouclier, sans peur et sans haine, vulnérable toujours, mais habité par la force invincible de l'humble amour ... ".


Je reparlerai un jour de Jean-Yves Leloup.

1 commentaire:

  1. P'tite note:

    Il existerait de nombreux et intéressants parallèles entre les "codes de chevalerie" de l'Europe Médiévale (sensu lato) et les règles du Bushido Japonais.

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