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dimanche 25 juillet 2010

Célibat, virginité, chasteté et abstinence

Depuis les scandales au sein de l'Eglise, liés à la pédophilie, la question de la sexualité des clercs est mise au grand jour. J'aimerais quitter le terrain de la pédophilie qui est toujours une abomination dans et hors l'Eglise.

Dans un ouvrage, qui lui a valu des remontrances vaticanes, Eugen Drewermann a scruté les motivations profondes de la vocation religieuse (Fonctionnaires de Dieu, Albin Michel, 1989, 758 p.). Impossible de résumer cet ouvrage, qui est une somme. Tous les psychiatres devraient l'avoir lu. Je regrette, pour ma part, qu'Eugen Drewermann ait été interdit de parole: il était une voix qui rendait crédible aux hommes d'aujourd'hui le message ancien (voy. particulièrement, Sermons pour le temps pascal, Albin Michel, 1994).

Le moins que l'on puisse dire est que, sur le terrain de la sexualité, l'Eglise vaticane a un sérieux problème.

Revenons ainsi à quelques concepts, en essayant de les préciser.

Etre vierge, signifie normalement, pour une jeune fille, se présenter au mariage avec un hymen intact. La Vierge Marie, qui n'a pas connu d'autre homme que l'archange Gabriel (mais était-ce vraiment un homme?), aurait donc enfanté avec un hymen intact. Pardonnez-moi d'être un peu cru, mais, dans les pays où l'honneur d'une famille dépend de la virginité de la fille donnée en mariage, la sodomie est plus excusable que la relation disons "normale". Ce n'est pas moi qui le dis. Ce sont des musulmans qui me l'ont dit. Que signifie la virginité pour un garçon? N'avoir connu aucune expérience sexuelle impliquant un autre que soi? Si tel est le cas, la virginité érigée en modèle dans l'Eglise me paraît fort suspecte, car elle repose sur une négation de la relation à l'autre.

Etre abstinent veut dire qu'on décide, par choix, par obligation ou parce qu'on ne peut pas faire autrement de renoncer à toute activité sexuelle. Il semble que ce mode de vie se répande. La télévision a montré récemment de futurs jeunes couples qui refusaient toute sexualité avant le mariage. Je connais personnellement un garçon de presque 30 ans, qui se dit "a-sexuel". Et je n'évoque pas tous les isolés qui "voudraient  bien, mais ne peuvent point". J'ai peine à croire que ces a-sexuels n'ont aucune pulsion sexuelle, aucun désir, aucune érection ... Je cherche donc des explications: ils ont une grande maîtrise d'eux-mêmes; ils boivent du bromure tous les matins; ils ont un problème "avec la chose". A vrai dire, je pense qu'il ne vivent pas leur humanité complètement. Il y a néanmoins parmi eux une catégorie particulière: ceux qui pratiquent la sublimation. Ils expliquent, par exemple, que l'abstinence sexuelle est une expérience du vide, ce vide peut être la place qu'ils rendent libre pour Dieu. Ils se disent sexués, ouverts aux relations amicales, etc. S'ils y croient, laissons-les croire. A condition que Dieu soit au rendez-vous!

Etre célibataire, c'est ne pas s'engager dans une relation affective et humaine avec une personne particulière. Ici encore, il peut s'agir d'un statut subi ou choisi. Ce n'est pas parce qu'on est célibataire qu'on vit isolé. Un  célibataire peut avoir beaucoup d'amis et tout autant d'amants et/ou de maîtresses. Le plus difficile est alors la gestion de l'agenda. De nombreux religieux célibataires vivent en communauté, que ce soit dans l'Eglise romaine ou dans les églises orthodoxes (et même ailleurs). Les religieux séculiers (au-dessus du diacre) ne font pas, dans l'Eglise romaine, voeu de chasteté, mai voeu de célibat. Ainsi, le pape n'a jamais prononcé de voeu de chasteté. Le voeu de célibat est expliqué de la manière suivante: l'absence d'investissement dans une relation affective et humaine privilégiée garantit la disposition à aimer du même amour tous les frères que le prêtre trouvera sur sa route. Si l'on pousse le raisonnement un peu plus loin (et j'ai reçu le témoignage de certains prêtres à ce propos), le voeu de célibat n'empêche pas les relations sexuelles. Ce qui crée un paradoxe étonnant: les prêtres célibataires, par voeu, auraient davantage le droit de "papillonner" que les chrétiens mariés! On voit bien que le système ne tient pas la route.

La chasteté, c'est autre chose. Seuls les religieux réguliers font, dans l'Eglise romaine, un voeu de chasteté. Ils sont rejoints par d'autres dans toutes les Eglises et traditions religieuses. Selon moi, la chasteté véritable, ce n'est pas un état, c'est un état d'esprit que l'on cultive et que l'on entretient. C'est une manière de penser et de vivre sa relation à l'autre. C'est choisir d'établir une hiérarchie parmi tous les éléments qui comptent dans une rencontre. Je parle bien d'une "hiérarchie", d'un classement, sans exclusive aucune. Je dis bien "sans exclusive aucune". Ainsi, dans ma chasteté à moi, le langage des corps a droit de cité. Cela veut dire que je ne le vis pas toujours, ou pas nécessairement, ou pas prioritairement, et surtout pas exclusivement; j'essaye que le langage des corps ne soit pas simplement réponse à un besoin, ou la réponse à une envie ou à un manque.

Il est vraisemblable que je risque d'être frappé d'excommunication, pour avoir exercé une liberté de parole teintée de "relativisme". Tant mieux, si je me retrouve en compagnie d'Eugen Drewermann.

Pour ceux qui voudraient approfondir le sujet et entendre une opinion un peu différente, je recommande la lecture de l'ouvrage suivant:


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