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mardi 1 juin 2010

Prendre de la hauteur

Paradoxalement, on n'approfondit bien un sujet que si on prend par rapport à celui-ci de la hauteur. Certes, l'analyse au scalpel jusqu'au détail du détail a son intérêt en soi. Elle plaît beaucoup aux juristes. S'il ne fait pas de doute qu'elle puisse donner des arguments aux plaideurs, elle est généralement insuffisante pour inspirer une réforme digne de ce nom. Quant aux politiques, non seulement la plupart d'entre eux manquent singulièrement de hauteur de vue, mais, lorsqu'ils font mine de ne pas s'attarder aux détails, c'est généralement pour s'abriter derrière des slogans. En période électorale, c'est le cas en Belgique pour le moment, ceux-ci sont tellement creux qu'ils font bien peu de cas de l'intelligence des citoyens. Le candidat dont le slogan de campagne est actuellement "Tout le monde aime papa" bat évidemment tous les records.

C'est toujours avec satisfaction que je lis les auteurs qui préfèrent les grands mouvements de fond à la réaction immédiate. Je lis ainsi avec beaucoup d'intérêt les réflexions que proposent Amin Maalouf, dans un essai paru fin 2009: Le dérèglement du monde (Grasset). Dans une campagne électorale belgo-belge, qui restera dans les annales par sa brièveté et par le désintérêt qu'elle suscite chez le citoyen, je ne résiste pas à l'envie de reproduire le passage suivant:



"Pour toute société, et pour l'humanité dans son ensemble, le sort des minorités n'est pas un dossier parmi d'autres; il est, avec le sort des femmes, l'un des révélateurs les plus sûrs de l'avancement moral ou de la régression. Un monde où l'on respecte chaque jour un peu mieux la diversité humaine, où toute personne peut s'exprimer dans la langue de son choix, professer paisiblement ses croyances et assumer sereinement ses origines sans encourir l'hostilité ni le dénigrement, que ce soit de la part des autorités ou de la population, c'est un monde qui avance, qui progresse, qui s'élève. A l'inverse, lorsque prévalent les crispations identitaires comme c'est aujourd'hui le cas dans la grande majorité des pays, au nord de la planète comme au sud, lorsqu'il devient chaque jour un peu plus difficile d'être sereinement soi-même, de pratiquer librement sa langue ou sa foi, comment ne pas parler de régression?" (p. 69).

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