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dimanche 13 juin 2010

Les pensées radicales et le réel

Ce n'est pas dans ma nature de dire pour qui il faut voter, de recommander tel ou tel candidat, et je me suis donc tu. J'ai simplement exprimé, sur Facebook, le profil que chacun devrait pouvoir attendre des candidats auxquels le pouvoir va, somme toute, être accordé. 


Voici comment je me suis exprimé:
"Pour qui voter? D'abord pour des hommes ou des femmes, pas pour un parti. Ensuite, pour des femmes ou des hommes qui ne sont pas liés à une idéologie. Enfin, pour des hommes ou des femmes assez courageux pour dénoncer toute compromission, tout amalgame, toute pensée unique, tout lien avec l'un ou l'autre lobby. Et pour finir, quand il s'agit de candidats qui se représentent, sur la base de leur bilan".


Les réactions que j'ai reçues m'ont laissé entendre qu'aucun candidat ne répond - en quelque sorte, par définition - au profil que j'ai tracé. Si cela est vrai, j'ai encore plus de raison d'être alarmé et de détester les systèmes qui ronronnent sur eux-mêmes et reproduisent à l'infini les mêmes clivages, les mêmes comportements, les mêmes idéologies, les mêmes complaisances, les mêmes débats, les mêmes certitudes.

Pour prolonger cette réflexion, je voudrais faire écho ici à une chronique de Jean-Claude Guillebaud, dans le supplément au Nouvel Observateur "Télé Ciné Obs" (n° 2378, 3 au 9 juin 2010). Il y évoque un "
débat sur la crise" organisé par France inter, le 21 mai 2010, opposant deux personnalités: d'une part, Susan George, présidente d'honneur du mouvement Attac et théoricienne de l'altermondialisme; de l'autre, Philippe Manière, ancien patron du club Montaigne et avocat du libéralisme intégral. Deux grands formats. Deux penseurs. De quoi rompre avec le jeu des politiques.

La finale de cette chronique est particulièrement intéressante. Je vous la soumets:
"
Le désaccord se révéla abyssal entre les deux intéressés. Crise ou pas, chacun campa sur ses positions. Demorand (l'animateur du débat)s'en étonna et demanda à Manière s'il se sentait toujours "droit dans ses bottes". L'intéressé acquiesca illico. Au total, la qualité du débat nous permit de prendre la mesure d'une stupéfiante réalité cognitive: les croyances radicales résistent toujours aux démentis du réel, fussent-ils cinglants. Souvenons-nous: dans les années 1960, les marxistes expliquaient le désastre économique des pays de l'Est en assurant que ces derniers n'étaient pas encore "assez communistes". Aujourd'hui, ce sont les libéraux qui justifient les échecs répétés du système planétaire en nous disant - comme le fit Manière ce matin-là - "qu'on n'était pas encore allé assez loin dans la voie du libéralisme".

"Mamma mia!", comme s'exclame, le chroniqueur (que j'apprécie).

Que conclure? Le défi est colossal. Il nécessite, dans le bien de l'humanité tout entière, une autre manière de penser le monde des hommes, leurs rapports entre eux et leur rapport à la planète. La mondialisation que nous connaissons aujourd'hui n'est pas la bonne, j'en suis convaincu. Je ne souhaite pas non plus un nouveau prophète. Il y a toujours eu de vrais prophètes et de faux prophètes. Je fais dès lors le pari suivant: partir de la base, des relations quotidiennes, de la découverte de l'autre, du partage des cultures, de la mise en commun de ce qui rassemble et pas de ce qui divise, arriver à ce que l'autre ne soit plus perçu comme un ennemi ou un adversaire, mais comme un compagnon de fortune et d'infortune.



Utopie, me dire-vous? Bien entendu. Mais le moment n'est-il pas venu de formuler de nouvelles utopies, c'est-à-dire un nouveau but pour le monde. Le "tout à l'économie" a fait son temps et, s'il a à son actif quelques réussites, a fait aussi la preuve de ses limites et de ses inacceptables dérives. Il faut donc de nouveaux paradigmes, une autre vision. L'investissement prioritaire de demain doit être dans la culture et dans l'éducation. Dans le partage des cultures et des traditions. Mais surtout pas un modèle uniformisé! Tout ce qui unit fait avancer. Tout ce qui divise fait régresser. Mais, là gît le paradoxe, c'est la diversité même qui est richesse. Et si l'on substituait à la croissance la sagesse?

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