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dimanche 20 juin 2010

Histoire vraie

Il a 29 ans.
Il a un père auquel il croit.
Il n'a pas choisi son père, mais son père l'a choisi.
Ce n'est pas tous les jours facile, ni pour lui, ni pour son père.
Depuis le premier jour, son père savait, par intuition, que cela ne serait pas facile,
que l'adoption n'est pas (ne peut pas, ne doit pas être) une voie pour assouvir un désir de paternité ou de maternité.
Il a fait ce qu'il pouvait pendant ses études.
Elles n'ont pas été universitaires.
D'autres choses que les études encombraient son esprit.
Il n'en est pas encore libéré aujourd'hui.
Il veut faire quelque chose de sa vie, mais la vie ne l'a pas gâté.
Récemment, il avait trouvé une stabilité, une raison de croire en lui, dans un travail.
Un travail où il se sentait bien, mieux que dans les précédents emplois qu'il avait trouvés antérieurement.
Il en voulait.
Les trajets, les horaires, les heures supplémentaires ne l'arrêtaient pas.
Il était fier de relever du "Plan Activa",
qui offre à l'employeur des réductions de charges sociales à l'embauche.
Il était confiant dans son brevet de cariste,
acquis lors d'une formation du FOREM.
Il a  fait ce qu'on lui a dit de faire.
Il a fait ce que les politiques disent de faire.
Il a travaillé.
Et puis, il n'a pas été payé.
Il devait débourser ses frais de déplacement et ses autres charges,
mais l'argent ne rentrait pas.
Sa famille l'a aidé.
Ses prestations de février et de mars n'auront été rémunérées, après une multiplication de démarches, de coups de téléphone, de lettres, qu'à la fin du mois de mai.
Il a encore travaillé en avril et en mai.
Il attend toujours d'être payé.
Il a refusé de travailler depuis encore dans ces conditions.
Il ne peut plus faire confiance.
Il a subi une pression - celle du pot de terre contre le pot de fer - qui a nourri en lui une profonde révolte.
Cela a été plus loin qu'une révolte verbale.
Le sentiment de ne pas exister aux yeux de l'autre (l'employeur), des autres ...
l'a même conduit à tenter l'irréparable.
Le père essaye d'être là.
Il comprend son fils.
Il ne comprend plus le monde dans lequel son fils doit trouver sa place.
Surtout, qu'on ne parle pas, ni au fils, ni au père, de la crise.

1 commentaire:

  1. Xavier, Tu es bouleversé bien entendu. Je suis 1 inconnu pour toi mais saches qu'il y a toujours des proches, desamis pour"aider". Je me sens désemparé. J'aimerais tellement que tout ailles pour le mieux pour lui (et toi). Je pense à vous tous.

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