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samedi 6 mars 2010

6 mars 2010 - Le scaphandre et le papillon

Je fréquente beaucoup trop peu les salles obscures (et bien d'autres endroits). Tempérament casanier? Paresse? Toujours est-il que je passe souvent à côté de réalisations remarquables. Souvent, je préfère lire et me faire mon cinéma dans la tête, fallacieux prétexte évidemment. J'ai décidé, au cours de la semaine écoulée, de réparer quelques oublis remontant parfois à bien des années.

De Pasolini, j'avais vu, en son temps, L'évangile selon Saint Mathieu (1964), au ciné-club du collège, ce qui était quand même une programmation audacieuse des bons pères. Je garde un souvenir intense du Jésus incarné dans ce film en noir et blanc par Enrique Izarok, un étudiant espagnol. Ce Jésus était loin d'être mièvre.





J'avais vu et aimé Théorème (1968). Plus tard, j'avais eu la nausée face à Salo ou les 120 journées de Sodome (1976). J'avais aimé la mise en image des Contes des mille et une nuits (1974). Cette semaine, j'ai découvert, dans la même veine, le picaresque Decameron (1971) et ses nombreux personnages, inspiré de l'oeuvre homonyme de Boccace. Mais comment Pasolini faisait-il pour réunir pareil casting "hors normes"?

Plus récent (2009), Tu n'aimeras point (titre original: Eyes wide open) de Haïm Tabakman. Le titre en français est plus adapté au sujet que le titre anglais. Un amour homosexuel entre un homme marié et un garçon plus jeune, le sujet est loin d'être neuf. Il se passe ici dans le milieu juif ultra-orthodoxe de Jérusalem. Au-delà de la couleur locale, les personnages sonnent juste. Certaines répliques du film semblaient extraites de ma propre vie. J'ai aussi pensé à A. au Maroc. Comment peut-on se prétendre religieux et juger pour le condamner un amour vrai?

Enfin, j'ai réellement adoré Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel (2007). Il conte l'histoire vraie de Jean-Dominique Bauby, victime à l'âge de 42 ans, d'un accident vasculaire cérébral qui le laisse complètement paralysé, mais pleinement conscient. Il entend tout et il voit avec un seul oeil qu'il peut cligner. Les images du passé et l'imagination seront sa seconde vie. Une jeune orthophoniste trouvera le moyen pour lui de communiquer, fondé sur un classement des lettres en fonction de leur fréquence dans la langue. Il dictera ainsi par des clignements de paupière tout un livre. L'expérience extrême vécue par cet homme est admirable. La performance d'acteur de Mathieu Amalric est admirable. Mais le plus admirable est l'idée proprement géniale du réalisateur de plonger le spectateur à l'intérieur du personnage principal. Nous voyons ce qu'il voit, c'est-à-dire un champ très limité, parfois flou - et entendons ce qu'il entend. La voix off exprime ses pensées tantôt désespérées, tantôt  cyniques, tantôt émues ou émouvantes.

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