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vendredi 29 janvier 2010

29 janvier 2010

Une situation que l'on croit toujours réservée aux autres.  Une effroyable explosion, en plein coeur de Liège, a fait, dans la nuit du 26 au 27 janvier, de nombreuses victimes, entraîné l'effondrement de deux immeubles et la fragilisation de tout un quartier qui a dû être évacué. Des images ou des souvenirs ont alors traversé l'esprit ou le coeur de bien des liégeois: le bombardement de Liège lors de la seconde guerre mondiale, le tremblement de terre de 1983, mais ces images de ruine et de désolation renvoient à tant d'autres exemples à l'étranger (même si les proportions ne sont pas toujours les mêmes).

Bien des facettes de l'être humain se révèlent à l'occasion de pareilles catastrophes:
- des victimes innocentes, comme toujours;
- des familles dans l'incertitude et la douleur;
- des professionnels des secours qui,  depuis plusieurs jours, font preuve  d'une organisation irréprochable et d'un grand dévouement qui forcent le respect;
- des responsables publics qui se révèlent en assumant leurs responsabilités et en gérant la crise;
- des curieux;
- de la solidarité et de la compassion;
- des cyniques qui ne peuvent s'empêcher de rire de tout, ou de railler sur tout, quand il n'y a pas lieu de rire du tout (ah ... facebook!);
- et malheureusement, des gens sans scrupule, mercantiles (sans conscience?): marchands de sommeil et pilleurs.

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L'actualité, dans la presse et la télévision,  comporte des coïncidences qui parfois vous rejoignent de très près.

Dimanche 31 janvier, sur ARTE, à 21 heures: "Vertiges éthyliques". Beaucoup d'écrivains (la liste est impressionnante) ont été incapables d'écrire sans boire. En quoi l'absorption d'une toxine peut-elle bien favoriser l'inspiration? Car, il n'y a pas que l'alcool: nombre de grands créateurs et génies ont été consommateurs de drogues ... même Sherlock Holmes, qui était cocaïnomane.

Le suicide incompréhensible d'un adolescent de 17 ans au sein même de son école, à Namur,  il y a quelques jours, a focalisé l'attention sur une tentation bien plus complexe qu'elle n'en a l'air et qui touche beaucoup de jeunes gens (mais pas que) et les femmes (mais pas que). Dans le fond, il s'agit toujours:
- d'une part, de se couper de la vie, ou de réduire, avec souffrance le plus souvent, la flamme de vie que l'on porte en soi, ou de ne plus la voir, la ressentir;
- d'autre part, de se mettre en danger.

Je ne suis pas compétent pour trouver des explications à cette attitude, mais je constate qu'elle peut prendre des formes très diverses.

Il y a l'acte extrême, mais aussi combien d'actes plus sournois ou plus indirects. Prenant appui sur mon expérience, je pense à ceux qui boivent plus que de raison ou ne mangent plus jusqu'à mettre leur santé en péril. Mais ce n'est pas différent quand on rejette finalement la relation sociale  (la solitude est souvent plus confortable que la confrontation, mais est-elle la vie?). Je pense aussi à ceux qui scient la branche sur laquelle ils sont assis professionnellement (un peu comme moi).

L'attitude suicidaire ne devrait pas être trop aisément associée au désespoir. N'est-elle pas souvent le cri maladroit d'un être qui précisément ESPERE beaucoup, trop, tout? D'un être qui ne cesse d'espérer inlassablement qu'un autre (à défaut peut-être d'un Autre) le trouvera digne d'être sauvé?


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Je vais finir par croire que les anges existent. J'ai croisé, dans ma vie, de bon anges et de mauvais anges. Il m'est peut-être arrivé aussi d'être un bon ange pour certains et sans doute un mauvais pour d'autres.

Je suis frappé par le fait que des êtres bons (je veux dire par là bénéfiques) n'ont cessé de croiser ma vie quand il le fallait. Ces derniers jours, cela a été particulièrement le cas de Ginette, de Monique, de Michel (revu après bien des mois), de Marco et de Sybille, avec qui un long échange intime et affectueux a eu lieu hier. Je pense aussi aux deux messages lointains reçus tout récemment de Aziz et de Luis.


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Le mystère des choses, où donc est-il?
Où donc est-il, qu'il n'apparaisse point
pour nous montrer à tout le moins qu'il est mystère?
Qu'en sait le fleuve et qu'en sait l'arbre?
Et moi, quine suis pas plus qu'eux, qu'en sais-je?
Toutes les fois que je regarde les choses et et que je pense à ce que les hommes pensent d'elles,
je ris comme un ruisseau qui bruit avec fraîcheur sur une pierre.

Car l'unique signification occulte des choses,
c'est qu'elles n'ont aucune signification occulte.
Il est plus étrange que toutes les étrangetés
et que les songes de tous les poètes
et que les pensées de tous les philosophes,
que les choses soient réellement ce qu'elles paraissent être
et qu'il n'y ait rien à y comprendre.

Oui, voici ce que mes sens ont appris tout seuls:
les choses n'ont pas de signification: elles ont une existence.
Les choses sont l'unique sens occulte des choses.

Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, Hétéronymes

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